Roman - Editions J.C Lattès - 363 pages - 18 €
Sortie fin août 2010
RENTREE LITTERAIRE SEPTEMBRE 2010
Résumé : 1998. Paris. Il fait 37 °. LesBleus sont champions du monde. Nola a dix-huit ans et vient de perdre son père, Jacques. Sauvée de la solitude par un job d’été dans un bistrot où les hurluberlus imbibés se succèdent plus vite que les petits ballons de rouge, la jeune fille gère avec les moyens du bord le chagrin de Mira, sa mère, et sa propre colère. Contraintes d’emménager dans l’« immeuble-mutant », reflet architectural de leurs vies décrochées, les deux femmes espèrent se reconstruire. Mais, à peine un pied posé dans le nouvel appartement, Mira présente d’étranges symptômes.
Mon humble avis : J'ignore si ce livre est arrivé au bon moment dans ma boîte aux lettres, mais cette histoire m'a émue, même bouleversée. Alors certes, la vie ne m'a épargnée d'aucun (ou presque) des sujets développés dans ces pages: Le deuil d'un parent parti trop jeune. Qui est trop jeune ? Tout le monde, le défunt comme ceux qui restent. Les enfants qui deviennent quelques temps la mère de leur mère veuve, parce qu'il faut tenir, pour ne pas la perdre elle aussi... quitte à emballer leurs propres douleurs dans un coeur en carton, carton qui finit toujours par ramollir. La dépression, l'hyperacousie, les acouphènes, la fuite, la survie, la reconstruction. Alors oui, ce livre, je le connaissais par coeur avant de le lire et pourtant... Je l'ai dévoré. L'écriture est fluide, jeune mais pas dépravée, imagée et soignée sans être assommante. Pas de pathétisme entretenu, cultivé, ou arrosé. De la vérité, des émotions, une analyse clairvoyante des épreuves difficiles, le tout porté par la jeunesse de l'héroïne Nola, qui ne baisse pas les bras, même si le décès violent de son père dans une fusillade en pleine rue la transpose sans palier de l'adolescence inscouciante à l'âge adulte.
Et puis, on pourrait croire l'histoire de "l'effet Larsen" assez linéaire. Point n'en est. L'auteure la dynamise avec respect, malgré la gravité de sa matière. Elle surprend également dans le dénouement, auquel on ne s'attend pas du tout. Celui -ci donne une part des "pourquoi". Mais il n'a pas répondu à la question que je me posais depuis mes premiers instants de lecture : ce récit est- il autobiographique ? Qu'est-ce qui justifie une telle question : la justesse des mots. Ces mots que je n'ai jamais su dire, que peu de personnes concernées parviennent à prononcer, ni même à exhumer des cendres de leur âmes. Faut il avoir vécu tout cela pour le décrire avec autant de puissance, je ne sais pas. Peut-être, sans doute. A moins que là soit le talent d'un écrivain : imaginer les situations et les mots qui les suivent, ces mots que certains cherchent en vain, mais trouvent enfin dans un livre... Qui a dit que l'art était inutile ???!!!
" Réclamer de l'amour à une âme si cassée, c'est comme faire l'aumône auprès d'un sans-abri."
"La maladie de Maman était un non-sens et les non-sens, rien à faire, on ne sait jamais par quel bout les prendre".
" Il n'y a pas de nuances de noir. Le noir, c'est noir, c'est tout. Personne ne peut affirmer que ta souffrance est plus noire que la mienne."
"Seulement voilà : il avait bien fallu que je me ressuscite. ... Le coeur redémarra comme il le fait toujours - qu'on soit d'accord où non.
" ... Et je me demandais soudain si j'aurais, moi, un jour, des enfants, s'il n'y avait pas dans la reproduction de soi une responsabilité incompatible avec ma propre histoire."
"J'ai l'impression d'être assise au bord d'un trottoir à regarder passer ma vie en même temps que les bagnoles...."
Ce livre est une pépite, ma première lecture de cette rentrée littéraire. Un bon présage. Lisez ce livre... en librairie fin août. Vous êtes blogueuses, ce livre part en voyage aux conditions habituelles. Il va d'abord partir chez Keisha, qui accepte de le faire voyager pour moi qui risque de devoir me mettre en retrait dans quelques temps. VOus pouvez vous inscrire ici, je transmettrais à Keisha...
Quant à moi, je remercie Maud Letthielleux de me l'avoir envoyé.