Ainsi donc Mr Brown se lance lui aussi dans la réalisation de bandes-originales de films, s'affublant pour l'occasion d'un tout nouveau surnom, Godfather Of Soul (fallait bien ça).
Dans la plus pure tradition des B.O estampillées Blaxploitation, on retrouve dans ce disque de 1973 tous les bons clichés du genre, de la garde robe des pimps du trottoir de Harlem, aux gros sons bien funky qui rythment les courses poursuites surréalistes que se livrent les gangsters blacks du ghetto américain. L'album Black Caesar est le premier d'une série de 3 albums écrits en moins de 2 ans par James Brown. A la différence du travail entrepris par d'autres (Willie Hutch, Marvin Gaye....), James Brown ne produit pas ses morceaux d'après les images du film mais simplement comme il le sent, et selon ses inspirations. Il apporte ensuite les bandes au producteur qui n'a d'autre choix que d'accepter ce que lui soumet l'artiste. Il faut dire que James Brown fait très fort, et livre une nouvelle fois un disque de tout premier ordre pour tous les accros aux breakbeats tranchants et aux riffs de guitares façon JB's.
Le tromboniste Fred Wesley remplace pour la première fois Pee "Wee" Ellis pour les arrangements des cuivres, et la chanteuse Lyn Collins interprète le magnifique "Mama Feelgood" (37e position des charts américains catégorie R&B) qu'elle a coécrit avec James. Quelques titres deviendront de vrais hits ("The Boss", "Down And Out In New York City", "Mama's Dead") et permettent ainsi au parrain de la soul de se poser comme un vrai faiseur de tubes hétéroclites, capable lui aussi d'ambiancer les salles obscures du 7e art. On peut tout de même reconnaitre que l'artiste ne force pas son talent sur tous les morceaux de cette b.o ("Sportin' Life", "White Lightning").
Malgré tout, 36 minutes de pur plaisir à écouter sans modération, et trouvable pour presque rien sur le net. Avouez que pour 6 euros, ce serait dommage de ne pas se laisser tenter.