Fleurs coupées, les pieds dans le béton des seaux en plastique jaunes. Elles se posent en riant sur la rouille, à l’abri d’arcades ombrées brunes et orange et leurs yeux dansent.
Les glaïeuls bleus ont bu l’encre de tous les libelles de 1959 et l’eau du matin commence à brûler dans des bitumes défoncés.
Lumière brute sur les arbres parfumés des balcons éreintés de l’autre côté de la rue
Soupirs. Sourires.
Le vent est d’amour et les révoltes se rêvent, cachées dans les lézardes des murs ; même la pluie de février n’arrive plus à les déloger. Le temps croule gai dans le gris des crépis et gicle en caracolant sur les pavés.
Les beaux jours sont venus ; fleurs et fleuristes oublient la Revolucion qui dort dans son palais derrière le Paseo de Marti.
Les jineteras iront flâner demain sur le Malecon, « Là-bas la mer est un mur. Les jours coulent uniformes dans le sens de la langueur ».
Flores cubanas, acrylique sur toile, 60x60 cm
Jean-Paul Schmitt