Bonjour à tous,
Aujourd'hui, accalmie dans le festival, pour moi. Il faut des journées de ''non-festival'' pour digérer toutes les belles choses que je vois.
Trois spectacles retiennent mon attention et je vais essayer de vous les livrer avec la plus grande impartialité, car vous savez, lorsque j'aime, j'ai de la difficulté à me retenir et j'ai
peut-être un regard partial. Mais c'est ainsi.
Au théâtre des Lucioles (c'est un théâtre que j'aime particulièrement où il y a une belle programmation
- pour ceux qui ne le savent pas, c'est un théâtre permanent), à 12 heures 30 : ''Oedipe
de Voltaire''.
Dès que nous prononçons le mot ''d'Oedipe'' , aussitôt, de nombreuses images se bousculent dans nos têtes. Et bien sûr... ''Ce n'est pas la faute
à Voltaire mais........ à Freud, le grand maître de la psychanalyse qui a ''utilisé'' le mythe ''du fils tuant le père pour épouser la mère'', pour bâtir une partie de sa théorie.
C'est Sophocle qui nous rapporte ce mythe en écrivant cette tragédie....
Mais, éloignons nous un peu de Freud et de Sophocle, pour ne parler que du spectacle que j'ai vu hier : Une brûlante tragédie dont je suis ressortie touchée. La critique donne une homogénéité
dans la qualité de la distribution, moi, d'après ce que j'a vu hier, deux acteurs manquaient un peu de puissance (dans la voix) et un dans l'émotion. Mais l'ensemble est de très bonne
qualité. Le jeu des acteurs est devenu plus intense au fur et à mesure que se jouait la pièce. C'est une intrigue qui ne m'a pas laissé un seul moment de répit, toute ouïe que j'étais de
tout capter, tellement le texte est riche.
Le personnage d'Oedipe est extrêmenent bien joué. Le comédien se donne sans compter et nous livre son âme.
Voici quelques mots sur l'histoire pour vous aider à vous y retrouver, car dans la mythologie tout est très très compliqué, à mon sens, ou alors très lointain de nos apprentissages.
''Oedipe, fils de Laïos et de Jocaste a été abandonné par ses parents, à sa naissance, (les pieds attachés, c'est ce que signifie le mot de ''Oedipe'') , car les oracles avaient prédit que
l'enfant devenu grand tuerait son père et épouserait sa mère. Recueilli par un couple de bergers, l'enfant grandit dans le secret. Il apprend ensuite qu'il est victime d'une malédiction et se met
en chemin.....
Il tue le Sphinx et pour le remercier, les habitants de Thèbes le font roi et lui donnent Jocaste, la reine veuve, pour épouse.....
Vous découvrirez ensuite si Oedipe apprend qui il est et ce qu'il a fait, si Jocaste survit à cette horreur....
C'est une plongée dans l'antiquité. Les comédiens jouent le texte de Voltaire, dans son intégralité, donc, c'est du grand théâtre classique.
Cette compagnie a reçu le soutien de la ville de Ferney-Voltaire (ville de
Voltaire) et de la communauté de communes du pays de Gex.
à 16 heures, au Théâtre de l'Etincelle
(théâtre permanent) , place des Etudes (tout proche de la rue des Lices, côté rue Henri Fabre)
''Simone de Beauvoir, écrire pour exister'' de Laure Mandraud qui est aussi l'interprète et le metteur en scène.
De 1947 à 1964, Simone de Beauvoir écrivit à l'auteur américain Nelson Algren, devenu son amant
en 1947, des centaines de lettres d'amour.
A quarante ans, S. de B. découvre l'épanouissement amoureux : ''Je me sens femme dans les bras d'un homme, réellement, totalement et ça veut dire beaucoup pour moi'' - ''Il m'a fait
découvrir l'amour'' écrit-elle.
Elle le fait entrer, par la voie épistolaire, dans son monde, celui de Sartre et lui offre des témoignages riches et sans concession de la vie intellectuelle et politique parisienne de cette
époque là.
Cette correspondance nous fait découvrir une autre facette de Simone de Beauvoir. Très loin de la féministe, on découvre une femme passionnée, amoureuse, enflammée, presque midinette.
On la qualifiait de femme belle et talentueuse, tout en la jugeant méchante, rébarbative, dure et sans coeur. Ce n'est pourtant pas, à mon sens, une femme sans coeur qui écrivit ces lettres
d'amour à Nelson Algren.
Si le temps passé ensemble fut réduit à trois séjours de deux, quatre et trois mois chacun, leur correspondance dura 17 ans.
C'est très émouvant. Les deux acteurs sont talentueux.
La mise en scène permet trois plans : Elle seule, Lui seul et les deux réunis et ceci, en alternance, pendant tout le déroulement de la pièce. C'est très réussi. J'ai beaucoup
aimé.
Puis j'ai terminé en apothéose, en allant à 19 h 10, au Théâtre du Chien qui fume (rue des Teinturiers - théâtre permanent), écouter une lecture théâtralisée de Bartleby de Heman Melville,
par Daniel Pennac.
Je connaissais Pennac, homme de lettres, défenseur des ''cancres'', homme de communication (on le voit souvent sur les plateaux télé). C'est aussi un lecteur à haute voix qui nous a souvent
livré des textes.
J'attendais un peu le comédien. Je n'ai pas été déçue. L'homme est charismatique.
Dans un décor intéressant (je ne vous dis pas), il nous raconte l'histoire de Bartleby, ce petit scribe employé dans une étude notariale.
C'est une découverte de ce texte pour moi. C'est criant de vérité. On est bouleversé par le comportement des deux hommes : Bartelby, le scribe, dans son refus d'accepter la ''loi'' des hommes et
le notaire, dans son acharnement à comprendre ce refus.
C'est extraordinaire, absurde, bouleversant, drôle. Il y a du rire et puis...ça tourne ....
A vous de découvrir ce bijou. Réservez, c'est bien plein !!!
Merci à ceux ou celles qui par leurs messages me demandent de continuer à les faire
voyager sur les chemins du théâtre.
Michèle
Ci-dessous, un message de Jeanne qui nous donne son avis, sur un spectacle musical. Je vous le
transmets.
Hier nous sommes allés au théâtre La Luna voir "Ce soir j'attends Madeleine", un spectacle musical pour ceux qui aiment l'univers de Brel, ce qui est notre cas. Nous n'avons pas été déçus, bien au contraire... Cet artiste de talent a su s'approprier les chansons de ce géant de la musique. C'était risqué, c'est réussi. Nous avons passé un très agréable moment.
C'est tous les soirs à 21h30. Réservations au 04 90 86 96 28.