Le Tour est terminé. Les coureurs vont maintenant faire fructifier leur renommée au cours de divers critériums. Comme prévu, il se termine par la victoire finale de l’espagnol Alberto Contador, grand favori au départ de Rotterdam et qui a su justifier le pronostic.
Contador ne remporte pas le Tour aisément. Jusqu’au bout son challenger Andy Schleck lui a posé des problèmes et a bien failli lors de l’étape contre la montre renverser la situation en sa faveur. Les deux coureurs ont passé un accord tacite suivant lequel la dernière semaine de course devait être décisive pour l’un ou pour l’autre. Ils ont joué le jeu ne parvenant pas à se séparer malgré la difficulté des étapes, malgré le nombre impressionnant de cols à escalader.
On peut toujours regretter que le luxembourgeois ait tardé à attaquer l’Espagnol lors de l’étape de Morzine. On peut également regretter que sa formation n’ait pas pris plutôt les rennes de la course lors de l’étape du Tourmalet. Mais cela ne sert à rien. Les faits sont là dans leur stricte vérité.
Contador avait à sa disposition, contrairement à l’an dernier, une équipe toute entière à sa dévotion dont le seul but était la victoire finale. Dans cette équipe Astana, il y avait des coureurs chargés de protéger Contador dans les étapes de plaine et d’autres chargés de l’accompagner lorsque le Tour prenait de la hauteur. De plus, il y avait un remarquable capitaine de route en la présence d’Alexandre Vinokourov. Un capitaine à la fois au four et au moulin qui n’a faibli que dans la dernière étape de montagne non sans avoir donné une grande leçon d’altruisme. Vinokourov a tant à se faire pardonner dans le cyclisme qu’il a choisi la meilleure solution pour solliciter un pardon.
La formation Saxo Bank, celle de Schleck, n’était pas construite de la même façon. Privé trop tôt de la présence de son frère Frank, ayant du abandonner lors de l’étape de Spa, Schleck s’est retrouvé trop souvent isolé en montagne. De plus, le manager de cette formation, le danois Bjarn Rijs a du composer avec les impératifs de l’équipe. Le partenaire principal le quitte à la fin de la saison et il lui fallait montrer aux futurs repreneurs le meilleur visage de cette formation, d’où cette défense acharnée du maillot jaune de Cancellara, une défense dont certains éléments ont payé l’addition dans la haute montagne.
Alberto Contador est donc maintenant nanti de trois victoires dans le Tour. Cette troisième victoire fut la plus difficile à obtenir en raison des progrès réalisés par Andy Schleck et parce que de son propre aveu Contador était moins fort physiquement que l’an dernier. Mais il remporte la victoire de l’intelligence. Il a su cacher les moments ou il n’avait pas les bonnes sensations et en particulier dans ce contre la montre calamiteux pour lui. Contador se connaît parfaitement. Il a su se montrer l’égal de Schleck dans des situations difficiles et n’a pas caché avoir beaucoup souffert au cours de l’épreuve.
Il est évident que l’an prochain le Tour sera encore une fois placé sous le signe du duel Contador-Schleck à moins que d’ici là un ou plusieurs coureurs ne viennent troubler la hiérarchie établie lors de ce Tour.
On soulignera encore trois faits :
Le parfait respect mutuel entre les deux coureurs. Ils sont amis et, même si certains pensent que l’amitié ne peut avoir cours entre deux rivaux, ils ont apporté un démenti à ceux-ci.
Le tracé du Tour était proche de la perfection. On peut toujours dire après coup que telle ou telle étape n’était pas bien dessinée, mais chaque jour il y a eu un événement. L’ennui a été rare.
Les coureurs français enfin sont sortis de leur léthargie. Six victoires d’étapes, deux journées en jaune et surtout une seule échappée en trois semaines de course en l’absence de coureurs nationaux.
Nous reviendrons dès demain sur ce nouveau visage du cyclisme tricolore.
Jean-Paul