Autant en emporte Scarlett…
Toute frétillante, l’appétissante Scarlett Johansson est devenue une star au cursus déjà bien rempli. Entre quelques petits rôles remarqués sous la houlette de réalisateurs aussi chevronnés que Robert Redford (L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux, 1998) ou des frères Cohen (The Barber, 2001) et une poignée de nanars, Scarlett s’épanouit et grignote le succès. Aux côtés de Thora Birch dans le Ghost World de Terry Zwigoff (2001) ellefait sensation en ado délurée et provocante. Son joli minois et sa moue séduisent déjà. Sa prestation dans l’aérien Lost in Translation (Sofia coppola, 2002) lui vaut d’ailleurs une nomination pour l’Oscar de la meilleure actrice. Les portes du tout Hollywood s’ouvrent à elle…
Si la magie l’emporte dans La jeune fille à la perle (2003) où elle source d’inspiration pour le peintre hollandais Vermeer, elle prône aussi la légèreté et se retrouve face à de teigneuses araignées géantes dans une sympathique série B (Arac Attack, 2002), se propulse dans un futur imaginé par Michael Bay (The island, 2005) et se plonge dans l’univers des comics pour un flirt de super héros (The Spirit, 2008 et Iron Man 2, 2010).
Sa réputation, elle l’assoit dans l’univers caustique de Woody Allen : une destinée (déjà) trois fois partagée, chic dans Match Point (2005), glam dans Scoop (2006) et sensuelle dans Vicki Cristina Barcelona (2008). Devenue étoile, elle est choisie par un des pionniers du nouvel Hollywood, Brian De Palma, pour incarner en 2006 le rôle de Kay Lake dans l’adaptation du sombre Dahlia Noir de James Ellroy et joue dans le magique Le Prestige de Christopher Nolan (2006).
Gourmande et séductrice, elle multiplie les escapades sentimentales, peu d’hommes lui résistent, Benicio Del Toro, Jared Leto et Josh Hartnett succombent à ses charmes. Heureux élu, le bellâtre Ryan Reynolds l’épouse en 2008.
Dans une société où le rêve ne passe plus nécessairement par le cinéma, Scarlett se laisse tenter par de nombreuses propositions publicitaires - de luxe. Le lien entre l’univers du cinéma et de la mode est de plus en plus étroit, à l’image du passage réussi de Tom Ford derrière la caméra. Entre L’Oréal, Moët & Chandon, Louis Vuitton, elle devient Marilyn pour la marque cosmétique de Dolce & Gabbana ou doll sous l’objectif de Mario Sorrenti pour Mango ; le visage et le corps de Scarlett s’exposent dans des mutations quasi futuristes proches de l’épure. On pense même à une création où transformation rime avec perfection. Etre moderne, quasi new age, elle incarne le rapport entre souci d’identification et représentation moderne d’un idéal féminin fantasmé.
Si Scarlett laisse aussi (et heureusement) parler son corps, on parle parfois de ses (jolies) rondeurs, elle devient toutefois un artifice retouché, remodelé (comme tant d’autres) par et pour la pub.
Encore un si – c’est ainsi. Si le baiser sur la bouche est devenu aujourd’hui une arme médiatique bien rôdée, partie intégrante d’un arsenal de communication, et non plus l’assimilation d’une transgression morale, Scarlett ne s’en prive pas à l’image de ces lèvres enlacées avec une Sandra Bullock requinquée lors des derniers MTV Movie Awards !
Scarlett étonne et entonne. Outre ses régulières apparitions auprès de rocker de renoms, elle est invitée par Peter Yorn pour chanter des comptines folk sur l’album concept Break Up (2007). Ce dernier ne sort finalement qu’en 2009, soit un an après la sortie de son « 1er » album soloAnywhere I Lay My Head, où sa voix grave et chaude illumine une série de reprises de Tom Waits. Sa voie semble tracée…Charnelle et vivante, ou rêve en grâce glacée, elle incarne à 25 ans, la Star glam Hollywoodienne.
Patrice Verry