Au Marché de la Poésie, place Saint Sulpice, à Paris, au mois de juin, si vous passez au stand du Dernier Télégramme, Fabrice Caravaca vous y accueillera bien. Un mot, un bonjour, et la discussion s’engage simplement. Il publie Lucien Suel, Manuel Daull, Christophe Manon, Charles Pennequin, Vannina Maestri, Ouste (une revue). Il aime être là, pour vous rencontrer, c’est comme une évidence. La poésie, pour lui, c’est rencontrer, c’est un « espace d’échanges véritables », comme il l’indique en page d’accueil de son site.
Et il publie, chez un autre éditeur, Les Fondeurs de Briques, un recueil qui lui ressemble, La Vie. Qui lui ressemble par la référence liminaire à trois de « ses » poètes (Serge Pey, Lucien Suel et Christophe Manon), et par l’élan vers l’autre, vers demain, vers aujourd’hui.
Toutes les pages de ce livre sont chargées de « nous », pour dire une poésie qui n’est pas centrée sur soi-même, pour dire une poésie qui parle à plusieurs voix hautes. « Nous sommes faits pour vivre ensemble, côte à côte. Nous sommes toutes les parties d’un corps gigantesque »
Et je me sens de cette famille, dont font aussi partie l’animal et le végétal, non pas dans une sorte de nostalgie de l’Eden, mais parce que nous sommes faits de la même matière que les étoiles, et qu’il n’y a pas d’autre monde. Fabrice Caravaca ne se nourrit pas d’espoir : « L’espoir c’est attendre que les choses adviennent. Nous avançons dès aujourd’hui le cœur empli de rêves que nous allons concrétiser » ; il cultive l’amitié, encourage l’ami et, avec lui, marche, avance et n’arrête pas : « Nous vibrons et nous avançons comme une forêt d’étoiles ».
Certainement, c’est difficile d’aller ainsi, de croire ainsi dans l’énergie collective quand tout nous pousse au mensonge, à « la perte, l’abandon et la solitude ». Et si nous allons ainsi, si « nous sommes du parti de l’accolade », c’est « parce que nous voulons la beauté des choses ».