Quelle expression bien québécoise! Péter une balloune signifie crever une bulle inventée. Détruire des rêves démesurés. Démolir des prétentions exagérées. Se dégonfler au sens figuré.
Vous voulez connaître la taille du fantasme? Très simple, chers bogophiles! Vous n’avez qu’à observer les ravages de l’explosion. L’ampleur du décoiffement sera proportionnel au gonflement.
En d’autres termes, une balloune qui pète, ça décoiffe! Et plus elle est grosse, plus la déflagration nous indispose.
J’adore utiliser cette expression dans mes conversations, qu’elles soient amicales ou professionnelles. Elle illustre à merveille cette propension que nous avons à gonfler régulièrement une illusion. Un peu comme à la Bourse, quand une bulle crève, une autre prend la relève.
Comment savoir si c’est une illusion? Souvent, la réponse viendra quand la balloune explorera. Je vous en prie, ne tremblez pas. C’est une bonne nouvelle. Parce que l’explosion nous indique ce qui n’était que du vent. De l’inconséquent.
Et vous pouvez compter sur votre entourage pour vous servir d’ancrage. En effet, les autres sont munis d’un système anti-dérapage. Une sorte d’aiguille de détection. Elle s’active lorsque la balloune atteint son point d’ultime expansion.
Tel un irrésistible appel au secours, le crève-illusion entrera en contact avec votre bulle d’exaltation afin de vous ramener au centre de vous-même. Alors que vous flottiez dans les grandeurs de votre folie ou mariniez dans les lourdeurs de votre inertie. Et le vice peut être versa.
C’est comme ça. Ce que les autres vous font, vous leur faites également.
Cette image me fait penser à cet endroit où nous vivons. Que nous planions dans les airs ou rampions sous la terre, la vie a le don de nous ramener au niveau de flottaison.
Nous sommes les complices silencieux de cet amoureux complot. Cette invisible ligne se trouve ni au-dessus ni en-dessous. Ni dans les vapeurs éthérées d’un monde utopique. Ni dans les grottes alambiquées d’un monde tragique.
Elle occupe le centre de notre essence. Là où murmure notre véritable intuition.
Vous hésitez encore à apprécier ce phénomène égalisateur? Permettez-moi alors cette confidence de mon cœur.
Je l’avoue, moi aussi, je pète les ballounes. Et j’apprends chaque jour à le faire avec révérence. Tout autant que j’apprends à remercier ceux et celles qui me rendent la même déférence. Car chaque balloune pétée sait faire une différence.
Ensemble, disons adieu à nos chimères… et bienvenue à nos désirs les plus chers!
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