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Rappelant par instants les intrus extatiques de Kanye West période College Dropout / Late Registration, évoquant aussi régulièrement le flow de Jay-Z et la classe mainstream d'un Common, on se demande d'abord ce que fout Shadrach Kabango dans la catégorie underground. En tout cas, musicalement, il est bien question d'un hip-hop luxuriant, coloré et radio-friendly. Pas de connotation péjorative ici : TSOL est un vrai disque ambitieux mais accessible, du genre de ceux qui peuvent réconcilier le tout-venant avec le rap. C'est en fait quand on essaie de s'intéresser un peu plus au personnage de Shad que l'on comprend mieux son positionnement alternatif. Léger, malin, sensible et peu enclin à la crise d'égo, il n'a effectivement pas les épaules d'une star. Ce serait plutôt le copain attachant, le mec doué mais qui a du mal susciter les étoiles dans nos yeux. On résume-là les qualités et les limites d'un tel positionnement : peu de critiques à fournir à l'endroit de TSOL – seulement quelques productions trop bruyantes et brouillonnes – mais également peu de raisons de nous enthousiasmer outre mesure. Activiste sympathique, parfois touchant, le rappeur canadien confirme dans ce troisième album son talent sans pour autant nous bousculer profondément. Profitons néanmoins de son excellent single, Rose Garden, qui lui pourrait bien nous illuminer quelques jours durant. 5/10.
Autres avis : Le49 et Voir Montreal en français muté, plus fouillé en anglais sur Beatnik, Word Is Bond et les excellents Reviler.