Étape 19 : Bordeaux – Paulhac
L’étape de tous les suspenses, de tous les dangers.
Comme souvent dans de longs Contre la Montre quand les départs sont échelonnés sur plus de trois heures, la course n’était pas la même entre les premiers et les derniers partants. Cela n’enlève rien au grand mérite de “Spartacus” (il suffit de voir sa moyenne, sur 52 km)
Derrière, ce fut la guerre pour le podium tout comme le top10… Seulement justement, les cinq premiers au classement général sont partis à la fin, dans des conditions de course similaires. Or si Menchov termine 11e à 3mn51 de Cancellara (chopant une place sur le podium), retard explicable par le vent qui s’est levé entre temps, Contador a fini, lui 35e à 5mn43 alors qu’en temps normal il fait quasiment jeu égal avec Spartacus et Schleck finit 44e à 6mn14 !Menchov, à condition de course égale, reprend donc 1mn52 à Contador, et 2mn23 à Schleck. Hallucinant !
Preuve s’il en était besoin que les deux leaders finissent complètement cramés ! Parce que Contador est normalement un des deux ou trois meilleurs du monde, et que s’il n’en est pas de même de Schleck, ce dernier a énormément progressé grâce à un travail de fond. (Ça pour ceux qui geignaient “qu’il ne se passait rien sur ce Tour”).
A noter que si Contador avait laissé filer “Menchov le transparent” lors du saut de chaîne de Schleck, que si les deux duettistes n’avaient pas largué le Ruskof dans le Tourmalet… c’est ce dernier qui serait maillot jaune aujourd’hui. Bref, je le dis et je le répète, comme disait maître jacques : “on n’est pas sur le Tour pour se faire des mamours”.
Donc, espérons que dans les commentaires “post Tour”, on ne va pas ruminer sans arrêt sur les “faits de course” ; Schleck a loupé son prologue, catastrophique ; il a bénéficié d’une neutralisation de course qui lui a évité un retard de cinq minutes. Contador a perdu quelques dizaines de secondes sur un bris de roue sur les pavés. Un jour, Schleck a raté l’occasion de larguer davantage Contador, ne lui prenant que dix secondes sur un coup de moins bien “d’el pistolero”. A Mende, Contador aurait aussi pu prendre un peu plus de temps. Schleck a été victime d’un “saut de chaîne” qui “fait débat”, euphémisme ; il a été privé d’un équipier de luxe avec l’abandon de son frère Frank, mais on a vu l’année dernière combien, mentalement, le duo se neutralisait parfois. La dernière étape pyrénéenne aurait pu se dérouler autrement, si Schleck avait joué le tout pour le tout, quitte à perdre la place de deux.
Alors on ne refait pas la course, le plus fort (peut être pas au seul plan physique, mais on doit tenir compte du mental) est arrivé 39 secondes avant le second… second qui a un tel potentiel que sauf gros lézard, il nous proposera des duels d’anthologie dans les années à venir. Contador ne s’y trompe pas, qui pour la première fois de sa vie a “craqué l’armure” et lâché quelques larmes sur le podium. Schleck était sans doute le plus fort physiquement, plus costaud mentalement, plus mûr.Qu’on me permette (je sais, je me répète) de signaler une fois de plus la fantastique performance du jeune canadien Ryder Hesjedal, 7e au classement général. A mon avis, c’est le futur “Andy” s’il ne se crame pas trop les ailes.
Maintenant, il y a une question à laquelle je ne trouverai jamais de réponse. Comment, dans une aussi grosse machine qu’une équipe “Protour” peut-on laisser partir un coureur qui va faire un CLM “pour la gagne du Tour” avec une oreillette qui ne fonctionne pas ? C’est la deuxième année consécutive “qu’el Pistolero” subit cette mésaventure dans le duel final (mais l’année dernière on pouvait supposer que la “bande à Armstrong” ne lui voulait pas spécialement du bien). Cette vision du directeur sportif tentant vainement de donner des informations à Contador avec un mégaphone crachouillant comme ceux des années 50 avait quelque chose de surréaliste. Le classement général, qui devrait être le bon. (Mais tout reste possible, même si un changement relève de la probabilité infime)1 Alberto CONTADOR VELASCO ESP AST 89h 16′ 27″
2 Andy SCHLECK LUX SAX + 00′ 39″
3 Denis MENCHOV RUS RAB + 02′ 01″
4 Samuel SANCHEZ GONZALEZ ESP EUS + 03′ 40″
5 Jurgen VAN DEN BROECK BEL OLO + 06′ 54″
6 Robert GESINK PB RAB + 09′ 31″
7 Ryder HESJEDAL CAN GRM + 10′ 15″
8 Joaquin RODRIGUEZ OLIVER ESP KAT + 11′ 37″
9 Roman KREUZIGER RTC LIQ + 11′ 54″
10 Christopher HORNER USA RSH + 12′ 02″
19 John GADRET FRA ALM + 24′ 04″ (premier Français)
Le vélo pour les nuls – la dernière étape du Tour.
Ce soir, les coureurs vont prendre un TGV spécial, pour être à même de partir demain de Longjumeau, atteindre les Champs Élysées sur lequel ils flingueront sérieusement, chaque sprinteur voulant gagner sur “la plus belle avenue du monde” (paraît-il… Moi, j’en tiens pour Copacabana, et y’a pas photo). Depuis quelques décennies, une règle non écrite veut que la “dernière étape” se résume à une longue concentration cyclotouriste, avec son lot de déconnades, de poses pour les photographes, de coupes de champagne tendues aux coureurs qui trempent leurs lèvres mais ne le boivent pas (il n’y a pas pire casse pattes que les boissons alcoolisées gazeuses). Certaines années, des “vieux” appréciés du peloton ont leur “bon de sortie” pour pénétrer en tête avant que ça ne commence à flinguer sur le circuit (je me demande si le peloton accordera cet honneur à Armstrong et à Moreau… on verra demain)
Mais c’est une règle non écrite ! Rien n’empêche par exemple Andy Schleck de tenter, avec son équipe, un coup de Trafalgar pour refaire son retard somme toutes minime, sur “el Pistolero” - lequel, s’il chutait, se pétait la clavicule et ne parvenait pas à rejoindre l’arrivée ne figurerait pas au classement !
Il n’en fut pas toujours de même. Longtemps, la dernière étape était une course “en ligne” qui se terminait sur “la piste rose” du Parc des Princes, étape très disputée avant que les vainqueurs des différents classements ne défilent devant les spectateurs qui réclamaient souvent “un Tour de piste” supplémentaire aux plus populaires.
Puis il eut le CLM final, avec les trois mémorables duels de 1964, quand un Anquetil en principe plus fort sur dans cet exercice que Poulidor - mais très émoussé par ses deux Tours et la bagarre mémorable du Puy de Dôme semblait “prenable” (cet après-midi, la France entière était collée à son transistor). Celui de 1968, quand Janssen a refait son retard sur Van Springel, et a gagné le Tour à la Cipale. Enfin celui de 1989, quand Fignon s’est fait “sauter” pour huit secondes, dans le dernier CLM.Cette formule a, et de loin, ma préférence. Nous avons vécu un suspense haletant cet après-midi… Quel dommage qu’il n’ait pas conclu le Tour ! Franchement, le critérium de demain nous semblera bien “fadasse”…
L’ancien du Jour – Walter Godefroot, un “flahute” de légende.
“Viril (très) mais correct”. Fallait pas “le chercher”, on le trouvait à coup sûr. Capable de sprints phénoménaux, tout en puissance, comme de raids grandioses pour aller chercher les échappés, avant de les achever
benjamin