Dans le passage de l’Evangile de ce jour, Jésus dit des choses très audacieuses. Il affirme que tous ceux qui demandent recevront, que ceux qui cherchent trouveront, et qu’à tous ceux qui frappent, la porte s’ouvrira. Jésus est-il sérieux en disant cela ? Est-ce qu’il n’aurait pas dû dire : "presque tout le monde" ? Peut-il vraiment nous donner une telle garantie de manière aussi inconditionnelle ?
Oui, il le peut ! N’est-il pas tout-puissant et omniscient ? N’empêche que nous avons tendance à penser que c’est trop beau pour être vrai. Il nous est difficile de prendre ces paroles telles quelles, et à ne pas les interpréter comme on lirait un poème, en admirant leur beauté sans les prendre à la lettre.
Jésus savait que nous serions tentés d’en douter. Alors il les répète en prenant quelques exemples. Un père digne de ce nom pourrait-il torturer ses enfants en leur donnant des pierres au lieu de pain, ou un scorpion au lieu d’un œuf ? Bien sûr que non. Même si nous sommes tous des pécheurs, des hommes égoïstes, « mauvais », comme le dit Jésus, nous nous efforçons de donner de bonnes choses à ceux que nous aimons.
Eh bien, nous devrions pouvoir comprendre que Dieu, dont l’amour est libre de la moindre parcelle d’égoïsme, est beaucoup plus enclin à nous donner de bonnes choses, lui qui nous aime sans fin et sans mesure. De même que le Christ a répondu à la demande de ses disciples de leur apprendre à prier en leur donnant le Notre Père, la plus parfaite de toutes les prières, ainsi répondra-t-il à toute requête que nous lui adressons, plus généreusement que nous ne pourrions l’imaginer.
Oui, ceux qui demandent recevront, et ceux qui cherchent trouveront, car Dieu est tout simplement trop bon pour ne pas répondre à chacune de nos prières.
Et pourtant, il arrive que Dieu ne nous accorde pas ce que nous lui demandons. C’est alors que nous pouvons constater le niveau de notre maturité spirituelle. Les chrétiens immatures réagiront dans ce cas comme si Dieu n’avait pas entendu leur prière. Ils développeront un ressentiment contre Dieu. Et pour justifier leur réaction de dépit ils pourront même se persuader que Dieu n’existe pas. C’est une tendance qui est très présente dans la philosophie, l’art, la littérature et le monde du spectacle contemporains.
Et pourtant, cette réaction est fondamentalement égocentrique. Le seul moment où nous doutons de ce que Dieu entend nos prières, est quand il ne nous donne pas ce que nous lui demandons quand nous le lui demandons. Si nous faisons une prière d’action de grâce ou de louange, par exemple, nous ne doutons jamais que Dieu nous entend. La frustration qui résulte d’une prière prétendument non exaucée est le signe d’un manque de maturité spirituelle.
De chrétiens qui font preuve de plus de maturité savent que Dieu entend nos prières et répond à chacune d’elles. Mais cette réponse peut revêtir plusieurs formes, comme saint Augustin l’a enseigné depuis déjà très longtemps. Si nous demandons quelque chose à Dieu dans la prière, Dieu peut répondre de trois manières.
Il peut dire OK, et nous donner ce que nous lui demandons. Il peut aussi dire non, tout simplement, ce qui veut dire que ce que nous lui demandons n’est pas bon pour nous. Ce non est aussi une réponse à notre prière, et les parents savent que ce non requiert parfois davantage d’amour qu’un oui de facilité. Enfin, troisième possibilité, Dieu peut répondre OK, ... mais pas tout de suite.
Oui, non, et pas maintenant : voilà les trois manières dont Dieu peut répondre à nos demandes. Si nous gardons cela en mémoire, nous pourrons alors vaincre la tentation de nous mettre en colère quand Dieu ne nous donne pas exactement ce qui nous lui demandons quand nous le lui demandons.
Dans une culture où règne en maîtresse la confiance arrogante en la technologie et la science, il nous est bon de nous souvenir de cela. Nous ne sommes pas Dieu. Nous avons besoin de Dieu. Nous aurons toujours besoin de Dieu. Demander, chercher et frapper ne sont pas passés de mode avec l’invention de l’électricité! Dieu nous invite à reconnaître et à accepter ce besoin, et à prendre au sérieux son invitation à demander, à chercher et à frapper, pour lui donner plus de liberté d’agir dans notre vie.
Jean Paul II recevait des milliers de lettres dans lesquelles les gens lui demandaient de prier à leurs intentions, pour leurs familles et leurs problèmes. Il avait une pile de papiers avec ces requêtes sur son prie-Dieu. Tout au long de la journée, au gré de ses multiples visites à la chapelle, il priait pour chacune de ces intentions autant qu’il pouvait. Les autres, il les confiait à l’intercession de la Vierge Marie.
C’est un signe de maturité spirituelle de s’approcher de Dieu dans la prière, avec persévérance et confiance avec tous nos besoins, matériels, sentimentaux et spirituels. Si nous ne le faisons pas, personnellement et en famille, cela veut dire probablement que nous sommes en train de nous éloigner de Dieu. Aujourd’hui, il nous invite chacun, chacune à revenir vers lui, à nous approcher, à persévérer dans la demande, à chercher, à frapper.
Au cours de cette Messe, nous prierons Dieu pour beaucoup de choses. Ensemble, nous prierons aussi la prière que Jésus a enseignée à ses disciples il y a deux mille ans. Aujourd’hui "élevons notre cœur" et promettons-lui que, désormais, nous continuerons à le faire chaque jour. Qu’est-ce qui pourrait davantage attendrir son Cœur de Père ?