C'est essentiellement à un dialogue entre Mohamed Moulessehoul et lui-même que Yasmina Khadra nous convie ici.
Mohammed Moulessehoul... c'est "l'autre Yasmina Khadra", c'est l'officier supérieur dans l'armée algérienne qui a abandonné l'uniforme pour prendre la plume. "Yasmina Khadra sont les deux prénoms de ma femme qui en a trois ! Elle ne les aimait pas, je les ai adoptés. Et ils m’ont porté chance " confie-t-il.
Il démissionne de l'armée en 2000, pour se consacrer à sa vocation : l' écriture, et choisit de s'exprimer en langue française. En 2002, Yasmina Khadra dans L'imposture des mots, organise une rencontre entre l'écrivain qu'il est devenu et le militaire qu'il a été. Cet examen de conscience le conduit à justifier ses choix de vie, sans en renier aucun. Il met aussi en présence différents personnages de ses romans avec lesquels il s'affronte parfois, parce que certains d'entre eux lui reprochent les défauts, les difformités, les manquements dont il les a affligés.
J'ai été surprise par ce récit qui m'a parfois déstabilisée. Il y questionne le statut d'écrivain, comme il interroge celui de soldat. Ses réponses restent souvent en suspens : le doute plane en permanence, même s'il affirme avec détermination : " Je déclare solennellement que, durant huit années de guerre, je n'ai jamais été témoin, ni de près ni de loin, ou soupçonné le moindre massacre de civils susceptible d'être perpétré par l'armée. Par contre, je déclare l'ensemble des massacres, dont j'ai été témoin et sur lesquels j'ai enquêté, portant une seule et même signature : les Groupes intégristes armés."
Et à propos de l'écriture, il dit : "Un écrivain est la seconde chance de l'humanité".
Le titre même de l'ouvrage interpelle le lecteur : qui sont les imposteurs ? les mots ? ou ceux qui les prononcent ?
Pour cet ouvrage de Yasmina Khadra, je ne me suis pas emballée : même si le style est enlevé, le vocabulaire riche et imagé, j'avoue n'avoir pas réussi à rencontrer l'auteur.
Une compilation d'extraits, ici