Je tiens à remercier AnnSo et son Tous en Chaine car même si je l’impressionne, je crois qu’à force de me lire, elle connait mes goût en matière de lectures. Je peux t’avouer que tu ne t’es vraiment pas trompée. J’ai adoré.
L’histoire : Ali, enfant, a assisté au meurtre atroce de son frère et il a vu aussi son père mort. La violence que lui-même a subi va rester dans sa mémoire et dans ses rapports avec les autres tout le long de sa vie. Il se sent mort et côtoie la mort tous les jours. Après ces meurtres, sa mère et lui vont déménager dans un township. Nous sommes en Afrique du Sud et Ali est noir.
L’enfant est très intelligent et fort. Sa mère est aveugle depuis 20 ans. Ali deviendra un policier avec un avenir très prometteur.
Une jeune fille riche est assassinée de façon brutale. S’ensuivent les meurtres d’une autre jeune fille et de noirs des ghettos, tous plus ou moins drogués.
L’enquête sera longue, difficile avec son lot de meurtres, de coups de théâtre. Ali s’est entouré d’un jeune collègue qui lui voue une admiration sans borne et d’un autre homme, afrikaner. Tous ont des difficultés plus ou moins graves dans leur vie sentimentale (maladie, divorce, …)
ééééJe ne vous en dis pas plus. Je vous invite, à défaut de vous l’ordonner, de lire ce polar. Nous n’avons aucun temps mort. Le livre oscille entre la description de l’Afrique du Sud de nos jours avec un retour dans le passé pas négligeable. Des allusions très fréquentes au monde du rugby, du sport, de la politique (que ce soit au moment de l’apartheid, de Nelson Mandela – des infrastructures qu’il a essayé de construire mais sans argent, on ne peut pas faire grand chose -, de nos jours). L’auteur nous dépeint les enjeux économiques liés à la Coupe du Monde. L’Afrique du Sud est un pays où la criminalité est énorme. Les gens vivent toujours dans des townships. Même si les conditions de vie ont été plus ou moins améliorées, ce n’est vraiment pas encore ça. La police préfère que les noirs s’entretuent (guerre des gangs, immigration plus ou moins clandestine des pays voisins, enfants esseulés). La justice n’a pas non plus fait son travail pour punir tous ceux, qui au nom de l’apartheid, ont massacré des millions de gens (que ce soit physiquement et moralement). Entre une guerre ethnique, une guerre pour ramasser encore plus d’argent, une guerre dont l’enjeu est la santé pour les plus riches, tout est dépeint admirablement. Que dire aussi des brutalités commises, de la violence, des scènes de torture, on se croirait pendant la seconde guerre mondiale. Beaucoup s’en sont sûrement inspirés.
Ca, cela concerne le pays. On a l’impression que Caryl Férey connait très bien ce pays, dont il décrit la vie, la vie nocturne, la drogue, le sida, les problèmes de santé, les femmes qui essaient de conjurer cette misère du mieux qu’elles le peuvent, les traditions, les rites zoulous.
Nous avons une quantité importante de personnages mais cela n’alourdit en rien le roman. L’auteur sait nous dépeindre le caractère et la vie de chacun, avec leurs travers (beaucoup) et leur bonté. Bon, bien sûr, nous allons prendre fait et cause pour les trois personnages principaux mais les autres, c’est rudement bien mené.
Les rapports entre noirs, même s’ils sont policiers, et blancs ont peu changé car il est difficile pour un noir ou pour un blanc prenant la cause noire en considération d’exister.
Il n’y a aucun temps mort que ce soit dans les descriptions de paysages, de la vie, des meurtres, de l’enquête, des traits de caractères. Tout se combine admirablement bien pour que ce roman se lise jusqu’au bout et que l’on en redemande.
La liste des entrées complémentaires est établie par le module d’extension YARPP.