Magazine Cinéma

The Showdown

Par Tepepa

The Showdown

Art Acord à cheval au Saloon


The Showdown
1921
William James Craft
Avec : Art Acord, Jack Richardson, Edward Burns, Marcella Pershing
Art Acord pourrait être une invention de journaliste de cinéma, tant sa vie correspond à l’archétype de l’idée que l’on peut se faire d’un acteur du début du western. Tout y est, à commencer par l’origine « cowboy réel » certifiée par ses titres de champion du monde de rodéo 1912 et 1916 (chevauchant le taureau endiablé et luttant pour le titre contre Hoot Gibson). Viennent ensuite ses débuts de cascadeur, puis sa fulgurante carrière de héros sans peur et sans reproche pour la Bison d’abord, puis de nombreux autres studio ensuite. Sans avoir le statut de superstar à la Tom Mix, sa notoriété était tout de même solide, et comme tous les cowboys de l’époque il avait son cheval attitré. Naturellement, une star de cette envergure ne peut pas mettre son extrême bravoure de coté au front lors de la première guerre mondiale, d’où il ramènera la croix de guerre. Tout cela semble simple, limpide, trop beau, il faut donc rajouter du drame, un penchant pour les femmes et l’alcool, une carrière stoppée nette par l’arrivée du parlant (comme il se doit pour un archétype de l’acteur muet), et une mort suspecte au cyanure au Mexique en 1931. Suicide diront les autorités, meurtre diront ses amis, persuadé qu’Art a été assassiné par un politicien jaloux.
Difficile de se pencher sur le travail de l’acteur à la vue de ce seul The Showdown (la plupart de ses films étant perdus). Art Acord rentre à cheval dans un saloon, il s’amuse, il rattrape sa belle au lasso au vol lorsqu’elle chute d’un ravin, déjoue les pièges, gagne à la fin. Difficile pour nos yeux contemporains de voir une réelle différence de style, de jeu et de films entre Art Acord, Fred Thomson, Yakima Canutt et Tom Mix, même quand on commence à en avoir quelques uns derrière les paupières. On reconnaît les têtes, quelques détails propres à chacun, mais les intrigues sont interchangeables, les personnages aussi. Peut-être que dans cent ans, les cinéphiles curieux ne verront pas de différence entre Matt Damon et Daniel Craig, entre Tom Cruise et Charlie Sheen, entre Arnold Schwarzenegger et Dolph Lundgren. Mais en 1920, était-il impossible de confondre Art Acord et Tom Mix, par différence d’envergure, de moyens et d’aura ? Difficile de juger. Aujourd’hui, leurs noms subsistent, ils sont tous « le plus grand » ou « le premier », ils ont tous leur étoile au Walk of Fame, mais leur spécificité, leurs différences dans le jeu et le talent se sont perdues avec leurs films et le peu d’ambition de leurs œuvres (au contraire du burlesque, dont les plus grands ont été étudiés et comparés (Chaplin, Keaton, Lloyd) et sont toujours connus de nos jours, tandis que les imitateurs ont été oubliés). Comme une illustration de ces propos, The Showdown est en bonus – même pas mentionné sur la jaquette - du film Sand de William S. Hart sur le DVD Unknown Video, en compagnie de No Kidding avec Snub Pollard, un burlesque de petite envergure aujourd’hui totalement oublié.
Sources: tous les sites racontant la bio d'Art Acord racontent la même chose, la source d'origine étant peut-être : The strong, silent type: over 100 screen cowboys, 1903-1930. Pour dépasser cette vision simpliste de l'acteur, ce livre pourrait être intéressant: Art Acord and the movies: a biography and filmography

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