En 2009, c’est la surprise, Jón Þór Birgisson, a.k.a Jónsi, le leader de Sigur Rós, le deuxième groupe ou artiste islandais le plus connu mondialement (après la géante Björk évidemment), annonce qu’il va sortir un album solo, Go. Plus tard, on finit par apprendre que cet album regroupe toutes les tracks composées par Jónsi, mais qui ne collaient pas aux univers musicaux de ses différents projets. Je pars bien évidemment avec un énorme a-priori plus que positif sur cet album, au vu de mon admiration pour Sigur Rós.
Commençons par la pochette. Elle se démarque pas mal des pochettes de Sigur Rós. Comme on pouvait s’y attendre, Jónsi est seul sur cette pochette, et globalement, l’image est en bichromie blanc-beige. Une touche arc-en-ciel dynamise l’ensemble, placée derrière le bonhomme, comme si elle lui faisait des ailes en quelque sorte. C’est très calme, très évocateur de l’album à suivre.
Passons à l’album maintenant. C’est le retour de la chronique track by track, en fait, on dirait qu’il me fallait un album « choc » pour y revenir. Neuf pistes, une durée d’une quarantaine de minutes, c’est un album honnête de ce point de vue. Commençons donc. On ouvre avec Go Do, le single promotionnel qui a été associé à un clip. C’est simple : on part directement pour l’Islande. Les rythmes, les percus, les sons, c’est un voyage instantané pour la neige, les après skis, le saumon fumé. La track est très bien bâtie, elle est entrainante, et rendra sans doute bien en live. Pour tout vous dire, quand je l’entends, j’ai envie de faire les percus avec un saumon pour taper sur une valise. Voilà, instant honte et dossier personnel passé. La suite de l’album avec Animal Arithmetic. Changement d’ambiance assez soudain avec le clavecin du début et avec la voix couplée aux percussions. Le rendu est bien différent de Go Do, mais c’est sans doute le but. Les arrangements sont une fois encore très bons, la mélodie est obsédante ou presque, la chanson est de qualité égale à la précédente. La fin « violonnée » avec des chœurs rendant tout ça vraiment très beau. Tornado embraye. Intro au piano, paroles un peu déprimantes, on change encore de place dans l’univers de Jónsi. Et sa voix commence à atteindre toute son ampleur, son fausset étant mis plus qu’en valeur. Le refrain laisse rêveur ou déprimé, c’est au choix, mais il est d’une légèreté inégalée, sauf peut être par Simone Simons sur Higher High (The Divine Conspiracy – 2007). On repart dans la légèreté un peu froide mais joyeuse avec Boy Lilikoi, le premier extrait qui avait été lancé en écoute gratuite. La track a un potentiel assez énorme. Les percus sont entrainante, le refrain est plus que sautillant, le coup de peps nécessaire pour faire repartir l’album sur des voies un peu plus énergiques est ici. En live, je peux dire que ça va en envoyer, je prévois déjà mes pansements pour le Bataclan.
Sinking Friendships démarre avec une intro en sons coupés aléatoirement, puis un clavier double prend le relais et lance tout ça. Le titre laisserait présager quelque chose de triste, peut être dans la veine de Tornado. La track n’est pas un modèle de joie de vivre, mais il existe bien plus déprimant. Le mot serait plus « nostalgie ». On a presque une Tornado plus complexe, plus étoffée et moins triste. Les refrains sont très aériens, et encore une fois, le fausset est utilisé de façon magistralement géniale. Jusque là, l’album est assez partagé niveau émotions, et ça continue avec Around Us. La chanson reprend les rythmes plutôt rapides des chansons joyeuses précédentes, avec une voix plus entrainante tu meurs, des arrangements de fond sonore à se damner, enfin, c’est un orgasme musical. La fin de l’album approche, Grow Till Tall est l’avant dernière track. C’est sans doute celle qui me laisse le plus perplexe. Non pas qu’elle soit mauvaise, mais je n’arrive pas à la comprendre, ne serait-ce qu’un minimum. C’est du planant, la voix est sympa, le fuzz de la fin aussi, mais je reste plutôt de marbre. Incompréhension totale. Une écoute de manière plus qu’approfondie m’aidera peut être. Et pour finir, Hengilas ferme cet album. Une seule chose à dire : superbe. Tout est beau. Que ce soit l’instrumentation, la voix de Jónsi, l’harmonie des sons des paroles, tout est réussi. C’est planant sans être inconsistant, et toute la majesté de la chanson repose dans la retenue de cette voix qui nous tient en haleine tout du long.
Cet album est à mon avis un triomphe. Sans doute pas commercial, mais musical. Tout est trop beau, trop réussi pour plaire au grand public, mais d’un point de vue musical, c’est une réussite sans limite. La majorité des textes en anglais aide énormément à la compréhension de l’album, et c’est un point positif. Cet album gagne sa place dans mes albums favoris, et il en gagne une bonne.
Note générale : 17/20 #Bijou musical. Rien d’autre à ajouter.
Jónsi :: Go Do
Pour la chronique du concert au Bataclan le 7 juin, c’est ici.
Pax_