Période bénie que celle de l'été...
La chaleur bienvenue, revenue, installée, qui se pose comme une caresse, une brûlure qu'on avait oubliée, un baiser dans la nuque, une rougeur sur le nez
Le soleil généreux, présent du petit matin tremblotant de ciel limpide jusqu'aux soirées à la bougie de citronnelle
La langueur qui naît de cette torpeur, l'envie de flemme, les corps alanguis, ramollis, endormis d'envie de sieste et de silence
Le souci de s'appliquer à ne rien entreprendre de trop long, de trop lourd, de trop pressé... Le besoin impérieux de ne rien faire, enfin, mais de le faire bien
L'appétit de fruits coulants de jus tiède, de glaces aux chocs thermiques bienfaisants, la préparation incessante de plateaux de boissons aux glaçons transparents éphémères, les idées saugrenues de salades inconnues, méli mélo de couleurs, de saveurs, pourvu qu'il y ait la fraîcheur
La peau qui se montre, se dore, s'écarte des échancrures, repousse les ourlets, détache quelques boutons et délace les chaussures, la peau qui brille de crème, coule en gouttelettes de sueur, rougit de chaleur et plonge vers l'appel de l'eau
Le goût de se réunir, de se retrouver, de s'inviter puisque le temps des amis, le temps de la famille se nourrit aussi de l'oisiveté chérie de l'été. Les éclats de rire, les nuits étoilées aux sons de musique et de danse, la vie dehors avec sa pelote de l'année que l'on déroule en confidences, histoires et conversations rebondissantes entre ceux qui partagent un coin de transat, de serviette, d'herbe tendre ou de rocher plat
Période bénie que celle de l'été...
Les livres stockés empilés dans les valises et dont on se gorge enfin, aux reliures ouvertes de sable et aux taches de confiture ou d'huile solaire, les magazines qu'on achète pour les vacances et qu'on dépiaute en rigolant
Les jeux de balle, de vague, de cartes, de vent, de mains et de vilains; les courses à l'assaut des crêtes, des torrents, des dunes et des bouts de champs
Les draps frais, les montres oubliées, les tenues décontractées pour ne pas dire débraillées, les cheveux et la peau au naturel, les douches froides au jardin et le sommeil qui s'attarde entre les étoiles filantes
Les repas qui traînent , se décalent, s'oublient, se mélangent ou se superposent, aux rythmes mélangés des générations retrouvées, le linge qui sêche sur le fil en un clin d'oeil, les guêpes sur les assiettes et les oiseaux à l'aube claire, les parfums des fleurs exhalés au seuil du soir
Et les projets qu'on dresse pour la prochaine année, les rêves qu'on égrenne ou les bilans que l'on constate, les listes des fournitures scolaires qui narguent, les grands rangements qu'on avait repoussés mais qui reviennent, les envies d'autre chose qui remontent avec le temps qui ralentit
Période bénie que celle de l'été...
Temps des amours
Retrouvailles des couples, découvertes adolescentes et rencontres faciles qu'on dit sans conséquence
Temps des voyages
Au bout du monde, au bout du mois, succession de séparations et retrouvailles, transhumance au gré des routes, ports, quais, semant des bagages, doudous, appareils photos, lunettes de soleil et autres attirails obligatoires
Temps des découvertes
Cabane perchée avec les petits cousins, bestiole observée à la loupe, pêche miraculeuse, chasse au trésor, sport de l'extrême, nouvelle langue, nouvelle culture, nouveau sommet
Période bénie que celle de l'été...
Chers amis lecteurs, profitez-en, et racontez-moi !
Au plaisir de vous lire tous,
Claire Fessart
http://www.thebookedition.com/advanced_search_result.php?keywords=claire+fessart