Ereintée par ces années passées, ces eaux qui coulent sous les ponts, combien de vies se sont-elles écoulées durant ce temps indubitablement long ?
Un relent de poussière, une odeur de mort, combien de temps avant de rejoindre la terre, combien de temps avant le retour au port?
Illusoire, la vie ! Existences entremêlées, vides de sens, errances obnubilées par une seule chose : leur sort. Ces pauvres enfants morts-nés, et qui l'ignorent encore ! Que leur promet notre société ? Un monde glacé par l'informatique, stagné par les médias sans queue ni tête, plus rien de sûr, plus rien de vrai...Reviendrons-nous à un monde concret ?
Maîtres du monde devant vos écrans ! Combien la rue fait-elle vivre d'enfants ? La zone, la crasse, la rue et le froid, qui de nos jours connaît encore tout cela ? Non bien sûr, on oublie vite. Surtout lorsqu'on oublie de penser.
L'âge ne compte plus, n'a même jamais compté. On meurt stupide comme on est né. Vivre sans être vivant, voilà la grande mode ! Bien au chaud dans vos chaumières, surtout ne sortez pas, vous risqueriez de rencontrer... des gens qui vivent dans la réalité.
Celle qui est dure, celle sur laquelle on s'esquinte, on se blesse vraiment, on se tue et on se meurt. Là où chaque jour est un combat pour une minable miette de pain, là où la peine n'a plus rien de poétique, là où la haine vous étrique.
Mais vivez donc ! Puisqu'il le faut. Ne faites plus semblant, dans vos boîtes d'allumettes remplies de vide, de superflu, de rien, mais rien dont on aurait besoin dans la rue. Dans la survie.