Le rêve de Torkel

Par Anne Onyme

August Strindberg
Zulma
84 pages

Résumé:

Deux îles de l’archipel de Stockholm. L’une est habitée par des pêcheurs, marins, gens aigris et miséreux : un enfer. L’autre, lieu de villégiature, abrite hôtels, villas, port de plaisance : un paradis. Surtout pour qui n’y a jamais mis les pieds. Torkel, enfant solitaire, fils d'un pilote renvoyé pour faute professionnelle et mis au ban de la communauté, n’a qu’un désir : traverser la baie, atteindre le « paradis ».

Mon commentaire:

Je suis tombée par hasard sur ce livre d'un auteur Suédois que je ne connaissais pas du tout. Le tout petit format, le bleu soutenu de la couverture, l'absence de résumé au verso et la lecture des premières lignes m'ont convaincue de lire cette courte novella.

Le rêve de Torkel est un petit livre étrange. L'histoire débute alors que Viktor Öman a commit une lourde erreur et causé le naufrage d'une goélette. Puisqu'il est reconnu comme étant porté sur la boisson, il est tout de suite accusé et perd son travail. En proie à une colère et une haine féroce, il commet des bêtises et disparaît de la vie de Torkel, son jeune fils de dix ans. Torkel est laissé à lui-même puis pris en charge par la commune. Il ne rêve que d'une chose: traverser la baie et vivre la belle vie.

L'histoire met en relief deux îles qui sont à l'opposée l'une de l'autre. Une représente la vie que Torkel a toujours connue, faite de travail, de laideur et de violence. L'autre île représente la beauté, la joie, le bonheur tranquille. Torkel apprendra que les apparences sont trompeuses et que l'herbe n'est pas toujours plus verte chez le voisin, même si elle le paraît!

L'écriture de Strindberg est difficile à décrire. Simple, mais évocatrice. On ressent littéralement la laideur et l'opression de la première île où ont vécu les Öman, alors que la seconde île semble un paradis de fleurs, d'enfants vêtus de blancs, d'abondance et de richesses. Torkel y fait le difficile apprentissage du travail et apprend que c'est en persévérant et en faisant preuve de courage que l'on réussit à réaliser nos rêves, peu importe les obstacles et les injustices.

Le rêve de Torkel est une courte histoire chargée de symboles et de messages sur la vie, qui se lit comme une sorte de fable pour adulte. Peut-être lirais-je d'autres volumes d'August Strindberg dans le futur...

Un extrait:

"Ce jour-là, cependant, il ne retrouvait plus le plaisir de ses anciens jeux; tout lui semblait différent, méconnaissable, sans valeur - visiblement, ce qui était arrivé à son père constituait une ligne de partage dans leur existence à tous les deux. Il se sentait comme un agneau enfermé avec un loup, il souhaitait se retrouver parmi des gens qui se soucieraient moins de lui, lui laisseraient du moins la liberté de ses pensées. En outre, il avait désormais un objectif concret: atteindre l'autre côté du détroit, le côté où la vie était plus belle." p.36