C’est bientôt le mariage d’un cousin éloigné.
Maman me veut chic et racée.
Elle m’emmène dans les plus belles boutiques de Paris, rue Victor Hugo. Salon d’essayage dans la plus stricte intimité : la vendeuse conseille, donne son avis. Je suis la petite reine.
Les emplettes sont faites, le tailleur bleu turquoise est joliment emballé dans un sac à la décoration digne des plus grands théâtres.
« Maman, c’est la première fois que j’entre dans un magasin de haute couture. J’aime beaucoup. Là, au moins, on prend soin de nous »
« Oui, bien sûr ! On nous reçoit à la hauteur de nos moyens »
Nous regagnons la mini Austin jaune et joyeusement rentrons rue de l’amiral Mouchez où je vais tenter de ne pas ouvrir les paquets avant la cérémonie.
« Merci, maman, c’est un très beau cadeau que tu m’as fait ! »
Maman me regarda souriante. Il n’y avait pas plus de mots avec elle qu’avecMamette, mais toujours cette force de communication silencieuse que j’appellerai « complicité ».