Alors que nous conversons, une passante s’arrête devant la porte et s’étonne de l’organisation des livres en piles. Elle regarde à deux fois avant de demander : « c’est une librairie ? »
Éclairez-nous sur votre librairie et son système de piles…
La librairie fait 33m2 et compte 23.000 livres, soit autant qu’une Fnac de province comme celle de Mulhouse. Les libraires s’occupent surtout des stocks, obnubilés par un souci de rentabilité des livres, avec un retour sur profit évident. Le système de piles a le gros avantage de contenir plus de livres et la rentabilité au mètre pèse moins. Les éditeurs comme Hachette ou Editis privilégient des stocks importants de livres qui se vendent bien. Ils préfèrent privilégier la quantité plutôt que la qualité : au libraire d’imposer ses choix.
Le système de piles ne dilue-t-il pas le regard de vos clients ?
Tous les titres sont facilement visibles en étant dans le même sens. Cela peut ne pas apparaître évident, mais chaque ouvrage est rangé selon une logique précise. Le 2e intérêt est, avec 23 000 livres en stock, de ne pas avoir à dire « désolé, je n’ai pas celui-là ». C’est quand même frustrant pour une librairie, non ? Dans une librairie, il doit y avoir des livres. Même si le catalogue de la littérature française est large (1,5 million de livres) j’essaye d’en avoir le plus possible.
Quand je passe devant des libraires en province, je suis toujours étonné de voir de grands rayonnages aux trois quarts vides. Je m’efforce donc de n’être jamais dans cette situation, en faisant notamment appel à un coursier régulier pour mes commandes.
Comment êtes-vous devenu libraire ?
Un vieux rêve d’enfant. J’étais, il y a plus de 25 ans, responsable de la branche marketing d’une grosse société automobile. On m’a un jour offert l’opportunité de partir aux États-Unis, j’ai choisi de devenir libraire. J’ai ouvert dans un premier temps une libraire en banlieue, dans laquelle je suis resté 13 ans. Face au succès j’avais dû embaucher 7 salariés. Mais gérer tout l’administratif me demandait en moyenne 120 heures par semaine. Et j’ai eu envie de retourner aux livres, plutôt que d’être livré à la seule gestion du personnel. J’ai donc décidé de me retirer et d’ouvrir une autre librairie sur Paris, avant de tomber sur ce local, initialement occupé par une boutique de vêtement. Le choix de l’organisation des piles s’est imposé de lui-même, mais j’avais déjà un système de rayons roulants sur 3 étages dans ma précédente librairie.
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