Vingt ans ! C’est un anniversaire. Celui d’une génération pour qui, tous les étés depuis deux décennies, il est possible d’aller “voir” le ciel en famille ou entre amis. Et le plus souvent, depuis un site d’observation animé par les membres d’un club d’astronomie, pour jeter un œil à l’oculaire d’une lunette ou d’un télescope et découvrir la Lune ,les planètes et les nébuleuses de la Voie lactée.
Les Nuits des étoiles sont donc ce grand rassemblement populaire autour du ciel. Presque une institution dont les “inventeurs” — et au premier chef, l’Association française d’astronomie — peuvent se féliciter.
En effet, ils ont permis à des millions de curieux d’accéder gratuitement aux balcons étoilés. Ils ont mis en scène les spectacles naturels — pluies de Perséides, éclipse totale de Soleil, collisions de morceaux de comète sur Jupiter — en les accompagnant d’explications pédagogiques et d’outils d’observation.
Ils ont permis au public, et plus particulièrement aux jeunes, de rencontrer les passionnés du ciel ; initié la naissance de nouveaux clubs ; attiré l’attention des citoyens et des élus sur les dangers qu’il y a à trop éclairer la voûte céleste sans tenir compte de la fragilité de cette autre face du monde. Bref, en une génération, les Nuits des étoiles ont changé l’image de l’astronomie en la positionnant comme une curiosité légitime, un loisir, et une science dont les résultats sont accessibles à l’honnête homme du XXIe siècle. Un beau bilan !
Alors pourquoi la télévision publique a-t-elle cessé d’en assurer la diffusion ? Parce que le ciel n’est pas assez spectaculaire, qu’on ne peut pas “voir” les étoiles comme autre chose que de maigres pixels ; parce qu’une audience massive n’est pas au rendez-vous en août ; parce qu’il est paradoxal d’organiser une émission dont l’un des buts est d’appeler à s’éloigner des écrans… Les arguments n’ont jamais manqué pour tirer à boulets rouges sur l’initiative des meilleurs promoteurs du service public. Écartés ou remerciés par la direction de la chaîne, le départ de ceux-là a signé depuis quelques années l’écran noir des Nuits des étoiles.
Pis, de dangereux illusionnistes à l’ego surdimensionné, avides de reconnaissance et d’argent, ont investi cet espace-temps en le travestissant. Ils y convoquent Dieu, le big bang et les trous noirs, autant de mots “magiques” censés attirer le chaland. Mais cet horoscope du crédule, même s’il en porte le titre, n’a rien à voir avec la fête amicale et populaire d’antan. Triste spectacle d’une télévision qui a renoncé au sens et au partage des connaissances…
Mais ne boudons pas la fête. Comme l’eau vive contourne le rocher de la rivière, des centaines d’initiatives locales ont trouvé leurs médias et leur public. C’est le cas du Festival d’astronomie de Fleurance, qui fête lui aussi ses 20 ans. De celui de la Haute-Maurienne Vanoise, et de tous les rassemblements grand public et “juniors” dont le site afanet.fr dresse la liste exhaustive. Vous trouverez sur place de belles occasions de tutoyer le firmament, en descendantla Voie lactée ou en guettant les Perséides. C’est facile, gratuit, convivial, sans autre prétention que de partager un moment de curiosité et de découverte.
Humain, tout simplement.
Alain Cirou
Directeur de la rédaction, Ciel & Espace
Ciel & Espace spécial Nuits des étoiles
Numéro d'août 2010, en kiosque et téléchargeable en kiosque numérique : on peut télécharger le magazine numérique sur le kiosque relay.fr ou commander la version papier ou la version numérique en PDF.
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