A l’identique des clubs du parcours, on peut classer les générations de « golfeurs » dans 3 catégories : les bois, les hybrides et les drivers.
Les bois : c’est la génération senior, las anciens, ceux qui arrivent ou sont dans la soixantaine. Ils sont souvent à la tête des golfs et y sont arrivés, adeptes de parcours diversifiés, en reconversion, ancien médecin, ancien avocat, ancien banquier, ancien militaire ou ancien pro, ils sont là depuis 20 ans et ne veulent pas bouger. Bouger ni de place ni d’opinion, plus rigide que l’hickory, ce sont eux. Tout a commencé avec eux. Ils se contentent de leurs membres ou des golfeurs fidèles (Mince, Maurice ne vient plus, il a un problème le fémur se barre en carafe), sont persuadés que leur golf est le meilleur, ils ne risquent rien car ils connaissent untel et machin et même Bernard langer est venu y jouer, bernie qui ? Ils ne reconnaîtront jamais qu’ils pilotent le Titanic, ce sont souvent de mauvais gestionnaire et diront que l’important est de faire du fric. Peu importe le moyen, du moment que leur coup les porte à long terme, pas de sentiment pour les autres. Oui mais l’iceberg reste droit devant ! Pour eux les drivers sont des bons à rien ou pourront leur faire un site web et les hybrides une mode qui passera, pas besoin de beaucoup d’entre eux, juste ceux qui sortiront de la panade. Au pire, ils s’en moquent, leur retraite les attend. Même dans un salon, ils décorent et font tapisserie au chaud en plus.
Les hybrides : la génération de ceux nés des années 70 dont la seule révolution technologique est le micro-ondes dans leur jeunesse. Ce sont les trentennaires d’aujourd’hui. Ils ont fait des études poussées, ont la culture des parents mais la vision du management à l’américaine, bref mi bois, mi fer avec une tête plein de techno appris sur le vif et de désillusions de la vie. Plutôt débrouillards, ils font des prouesses avec ce qu’ils ont en tête et à disposition. Ils sont utilisés lorsque les jeunes sont absents (le driver aime la grasse matinée) et les bois cassés ou au rebut. Ils ont envie de faire bouger les choses mais sont freinés par les bois qui croient aller plus loin et les drivers qui prennent trop la tête et leur font mauvaise pub. Les places tenues par les bois coriaces ne se libèrent pas, les hybrides ont un potentiel de renouveau, d’influx énergétique et d’expérience probante mais personne ne les prend au sérieux par souci de sécurité ou d’acceptation de remise en question. Les plus malins tentent le grand coup pour marquer les esprits (un blog, un magain, une free-lance party) mais il faut un impact puissant pour continuer à tenir.
Les drivers : ceux nés fin des années 80 qui ont dans la vingtaine aujourd’hui. Grand de taille, grosse tête, une gueule qui dépasse le giant bacon mais une tête complètement vide. Politique du « moins j’en fais, mieux c’est ». De toute façon, internet leur offre tout depuis le début. Ils ne veulent qu’agir que pour une prouesse, veulent leur balle le plus haut possible sur tee et s’affirmer comme des cadors. Résultat correct ou pas, ils s’en foutent, ce n’est pas leur faute. Ils ont ce qu’ils veulent. Les plus chanceux ont commencé le golf chez playschool, au pire la playstation à 8 ans leur a tout appris, mais ils préfèrent le ski, le surf, l’herbe au green. Ils savent qu’on aura recours à eux car c’est la nouvelle génération, le nouveau départ alors les leçons, la théorie et le savoir, c’est pour les vieux. Eux sortent de staps, de l’Alps tour, c’est évident qu’ils ont leur place au chaud réservé par papa. Si ils sont en formation, ce n’est pas parce qu’ils ne veulent pas être pro « c’est parce que l’Alps tour n’a pas voulu de moi » (sic dans la formation de directeur de golf). Ils vise la relève des bois de parcours au lieu des hybrides.
Conclusion : il n’est pas évident d’être un hybride dans un sac ou chaque club est surfait. Il reste à tous les trentennaires, comme moi, à prouver qu’on en veut, qu’on a appris à gérer l’impossible et que nos idées ne sont pas si superflues que ça.