D'éminents experts de la prospective se sont penchés sur l'évolution prévisible de nos mœurs sexuelles. Interfaces haptiques et univers virtuels s'apprêtent, disent-ils, à modifier nos comportements les plus intimes.
Le Club d’Amsterdam, le think tank hollandais consacré à la prospective, dans le cadre de son cycle de conférence mensuel, s’intéresse à l’avenir de la sexualité. Parmi les questions qui ont été abordées : l’évolution des valeurs morales, des relations sociales, et de la sexualité en tant que telle. Il est bien connu que la sexualité et les nouvelles technologies ont toujours fait bon ménage : l’industrie du porno a été l’une des premières à prendre pied sur Internet où elle est toujours l’une des plus développée.
Et d’énumérer en guise de données à retenir : l’explosion du marché des objets sexuels, la fin du tabou de la sexualité des personnes âgées dans un monde vieillissant, les nouvelles formes de la pornographie en ligne incarnée aujourd’hui par Second Life qui permet de vivre une grande diversité de fantasmes virtuels pour les partager avec de vraies personnes, ou le développement de la “sexualité médiatée”, c’est-à-dire la sexualité augmentée par un média.
Pour le prospectiviste Michael Anissimov, les interfaces haptiques sont appelées à considérablement transformer la sexualité, notamment quand elles couvriront le corps entier… Une sexualité appelée à être demain non seulement haptique, c’est-à-dire stimulée par le toucher distant, mais peut-être et surtout différente de celle que nous connaissons : le contrôle direct du cerveau signifie que “la masturbation demain sera plus directe que les méthodes manuelles d’aujourd’hui”.
Faut-il épouser un avatar ?
Nous pourrons certainement stimuler directement le cerveau plutôt que nos organes sexuels ou nos zones érogènes… Ce qui pourrait aussi contribuer à changer notre rapport au sexe. “Heureusement que nous n’aurons plus à conduire nos voitures manuellement, car sinon les choses pourraient être vraiment dangereuses”, s’amusait déjà le sociologue James Hughes en 2003.
Il faut dire que demain nous épouserons non seulement des robots, mais plus certainement des avatars ! Selon les analystes du Gartner, 2 % des Américains seront mariés dans un monde virtuel en 2015 ! Si les mariages virtuels qui émaillent déjà l’actualité de Second Life n’ont pas d’implications légales, il n’est pas sûr que ce soit le cas à l’avenir, prédit Adam Sarner, le principal auteur de l’étude du Gartner. “Je pense que les connexions en ligne deviennent suffisamment puissantes pour voir naitre des mariages en ligne légaux”, explique-t-il. L’émotion liée à leur connexion sera demain suffisamment forte pour vouloir la rendre éternelle”.
Et d’expliquer que cette transition va être le fait de la “génération virtuelle” qui est en train de naître sous nos yeux. Une génération capable de faire s’écrouler la segmentation des âges par la force de la communication et de l’échange : “Pour la génération V, les environnements virtuels fournissent des conditions de concurrence équitables où l’âge, le sexe, la classe sociale ou le revenu de chacun sont moins importants et moins récompensés que la compétence, la motivation et l’effort”.