Le récit s’ouvre sur Jésus lui-même, attendant qu’on vienne l’arrêter. Retour en flash-backs sur son enfance, parmi ses parents et ses frères et sœurs, sur sa découverte de son rôle de messie. Puis, l’on passe au récit de Ponce Pilate, à son enquête pour découvrir ce qu’il est advenu du corps du Christ, disparu. Enfin, l’auteur nous offre quelques pages de réflexion sur son œuvre.
C’était une tâche difficile, et Eric-Emmanuel Schmitt est le premier à le dire, de s’atteler à pareille histoire et de parler par la bouche du Christ. Dans l’ensemble, je dirais qu’il a réussi son pari, mais il a échoué à retransmettre la saveur de l’époque et du lieu, comme le font si bien Christian Jacq ou Mika Waltari dans des domaines différents. On n’y était pas, nous n’étions que spectateurs. L’idée de l’enquête, de l’anti roman policier était intéressante, mais je crois que le livre aurait gagné à être plus long.
Je serais très curieuse de lire l’avis de gens croyants sur ce livre, ou de gens qui connaissent bien les écritures. A quinze ans, quand on nous avait demandé en classe ce qu’était la passion du Christ, une élève a répondu « Marie-Madeleine » en toute bonne foi. Ça ne nous avait pas choqués à l’époque, mais la prof s’était arraché les cheveux devant notre ignorance. Je ne crois pas qu’une solide culture religieuse soit nécessaire, néanmoins, pour lire ce livre. Eric-Emmanuel Schmitt utilise par contre les prénoms Araméens des personnages, ce qui peut déstabiliser le lecteur. Jésus devient ainsi Yéchoua, Marie, Myriam, Joseph, Yoseph, ainsi de suite. Ponce Pilate, considéré comme le bourreau du Christ, ou Judas, comme le traître, redeviennent des êtres humains, et leurs actes sont expliqués. Le ton de Pilate est parfois un peu agaçant, tant il est pompeux et vulgaire, mais l'amour qu'il porte à sa femme rachète le personnage.
En somme, un pari intéressant, mais pas un coup de coeur.