«Face à la concurrence des marchés mondiaux, les États souverains ne pouvaient quasiment rien faire pour endiguer les pressions de la finance et du commerce globalisé, sous peine de s'aliéner les investisseurs (...).»
Zulu de Caryl Férey se déroule dans une Afrique du Sud qui s'apprête à recevoir la coupe de monde du foot.
«le rôle des États se cantonnait aujourd'hui à maintenir l'ordre et la sécurité au milieu du nouveau désordre mondial dirigé par des forces centrifuges, extraterritoriales, fuyantes et insaisissables...»
Une équipe de flics enquête sur une série d'assassinats particulièrement sordides de jeunes femmes de la bourgeoisie blanche. C'est l'occasion de découvrir une autre Afrique du Sud, à cent lieues des images d'Épinal de l'Apartheid, de la Réconciliation et d'un peuple uni au son des vuvuzélas...
«Plus personne ne croyait raisonnablement au progrès : le monde était devenu incertain, précaire, mais la plupart des décideurs s'accordaient à profiter du pillage opéré par les flibustiers de ce système fantôme, en attendant la fin de la catastrophe.»
Au fil des pages, le lecteur découvre un peuple hétérogène qui n'échappe pas aux réalités sociales extrêmes et au poids de l'Histoire. Un pays où la violence, les discriminations, le trafic de drogue, la corruption, ou le Sida sévissent quasiment librement dans certaines zones du territoire...
«Les exclus étaient repoussés vers les périphéries des mégapoles réservées aux gagnants d'un jeu anthropophage où télévision, sport et pipolisation du vide canalisaient les frustrations individuelles, à défait de perspectives collectives.»
Zulu est une vraie réussite, au sens où l'intrigue et le suspens ne résument à eux seuls le plaisir de lire cet époustouflant thriller.