Critique pratique de la Pensée cabindaise
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Trente cinq ans après l’immixtion forcée du Cabinda dans l’Angola, il est nécessaire de présenter aux lecteurs de ‘’ Cabindalité’’ une adaptation de la Raison critique de Kant.
Le Cabinda a été longtemps l’objet de tant de commentaires, de luttes et d’échecs, par tant de leaders, de politiques, qu’une réflexion philosophique d’inspiration Cabindaise s’impose. Pour qui veut en a aborder ou en reprendre la lutte, il convient de remettre en mémoire un certain nombre de préceptes, de notions, sans le souvenir desquels l’intelligence de l’autodétermination serait difficile.
Et, cette réflexion ne peut elle-même être comprise que par référence à d’autres pensées dont elles procède car, le Cabinda n’émane pas d’une création personnelle encore moins d’une création ex nihilo.
La Pensée Cabindaise est une réflexion sur une autre pensée : Celle du traité de Simulambuco avec le Portugal, celle de l’occupation illégale angolaise, celle d’un hold-up. Elle s’en réfère pour découvrir la vérité et les limites de la morale humaine. Elle part donc de la connaissance ancestrale, de la morale populaire Cabindaise puis, celle issue de l’occupation pour établir les bases de sa libération.
Pour tout Cabindais, il convient donc de remonter aux sources premières, de s’interroger sur les conditions et l’origine de la moralité, de pousser jusqu’à leurs conséquences extrêmes, les méditations sur la logique à suivre, car la liberté de sa pensée doit s’opérer à partir d’un esprit dépouillé de ses jugements.
Cela permet de lire le Cabinda avec fruit, de connaître à la fois les jugements politiques et moraux qui lui sert de point de départ et l’attitude mentale à adopter devant ce drame humain qui nous affecte tous. Le philosophe A Wolf nous apprend qu’on peut pousser jusqu’au bout ses principes sans tomber dans la contradiction. Tel devrait être le sens de notre agir intellectuel.
Traité de Simulanbuco
C’est vers quoi les leaders Cabindais devraient tendre avant toutes considérations altruistes et égoïstes que leurs croyances et innéités morales d’ordre sentimental n’ont pu satisfaire. Face à la dualité des démarches à entreprendre (Autonomie, Indépendance), la politique mise en place au Cabinda par l’Angola sonne le glas de la faiblesse morale de certains cabindais dont l’objectivité n’est inféodé que par la seule rentabilité personnelle, au nom semble t-il des années de luttes et d’engagement patriotique. Ils nous parlent du passé, de leur passé, je pleure dessus.
L’indépendance, il faut le clamer avec beaucoup de dynamisme et de révérence parlé. Il s’agit avant tout d’incliner ses désirs personnels devant la grandeur de la tache, de la présenter comme primat de l’existence et de la morale Cabindaise.
La morale Cabindaise doit fonder l’objet de cette démarche. De même, dans l’âme de chaque cabindais, c’est la vertu du devoir, de justice, à l’égard de tous les sacrifices consentis qui doit fonder les autres vertus.
On peut se poser une question : Ou se trouve la cause véritable du drame cabindais? Le principe de l’occupation, s’il en est la cause visible, ne saurait être prise isolement. L’action doit aussi porter sur les responsabilités historiques portugaises, et cabindaises, particulièrement sur l’immobilisme dont font preuve certains cabindais.
Le principe de la grandeur du devoir ne réside pas dans sa personne, mais dans la mesure où il sert la grandeur de son peuple. L’individualisme et l’appât du gain se sont emparés de certains, les enfermant dans des bornes étroites d’un laxisme phénoménal !. Dans cette voie, la lutte Cabindaise ne cherchera plus les conditions d’apparitions des faits positifs, d’un Cabinda libre avec les principes qu’ils impliquent.
C’est pour cela, les cabindais doivent substituer à la notion d’homme, le concept d’être raisonnable. Non qu’il s’agisse d’atteindre des strates supérieures, mais de saisir les nécessités rationnelles indépendamment de toutes idées de personnes, de toutes appartenances politique. En clair, séparer des mobiles sensibles ce qui procède de la pure finalité. Faire montre de bonne volonté.
Une telle volonté ne se définit ni par le succès, ni par l’utilité, ni par la conformité à un ordre de perfections connues. Celle-ci n’est pas réservée aux seuls savants ou philosophes, elle ne demande que la pureté du cœur. La bonne volonté disait M. Alquié, est la volonté d’agir par pur respect de loi morale.
La notion de bonne volonté conduit à celle du Devoir. Elle ne saurait être tirée de l’expérience, des désirs contradictoires et opposés. On peut donc se demander si dans les déductions des devoirs à accomplir face à l’occupant angolais, les synthèses à opérer par les cabindais pourraient être en accord avec les strictes conditions posées par ce code de bonne conduite. La lutte pour le Cabinda ne doit avoir aucun objectif extérieur à elle, et que les maximes des actions à mener doivent être déterminées par la seule forme d’une liberté sans failles. Le terme premier n’est donc pas le Bien, ni l’Utile, mais le Devoir.
Et sans doute, le Devoir et le Droit ne se déterminent-ils qu’au contact de l’expérience. Cela ne remet pas en cause le déterminisme de la jeunesse Cabindaise dont le souci premier doit être de parfaire une pensée inachevée. Le Devoir réclame la soumission à la cause Cabindaise. S’il ne produit pas toujours l’obéissance, le Devoir engendre toujours le respect.
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Pour finir, j’espère que nous ne saurions demeurer au stade de cette récréation verbale et de ce déchirement. L’accomplissement de notre tache morale demande notre confiance en la possibilité de réconcilier tous les cabindais au sein d’une même et unique logique. Elle serait complète si on lui associe l’idée de bonheur. Seule la volonté d’agir de concert, par respect de notre loi morale et de notre droit à la liberté nous rendra dignes d’êtres heureux.
Seule notre libération fera de nous des êtres véritables, susceptibles de spontanéité, et pouvant prétendre au mérite. Apprendre à connaître le Cabinda, c’est aller vers lui, c’est être libre et de bonnes moeurs.
Et, la pensée Cabindaise nous libèrera des traditions et des milieux où nous nous complaisons par inertie et par paresse. Elle nous évitera de considérer notre condition mentale et sociale comme des données fatales auxquelles nous sommes assujettis. Elle nous interdira d’attendre notre liberté comme si on pouvait nous la donner gratuitement. La Pensée Cabindaise nous enseigne qu’elle ne peut être que le fruit de notre initiative propre et d’une spontanéité radicale de notre volonté.
Le difficile n’est pas de découvrir les insuffisances d’une pensée, c’est d’en découvrir les points essentiels, toute sa profondeur. Cabindais ergo sum.
Guy Alain BEMBELLY. Ecrit en Février 1995, mise à jour Juillet 2010.