Ok, donc maintenant que vous savez les grands principes qui régissent (n'est pas forcément un con) l'apparition de paroles dans mes morceaux, on va en étudier un. Je vais essayer (je dis bien essayer) de vous expliquer ce que j'ai voulu dire.
Le morceau s'appelle "NORMANDY", vous pouvez l'écouter ou le downloader là :
L'idée générale est de se mettre dans la peau d'un ptit gars ricain qui débarque en Normandie lors du Grand Jour (vous savez, les sanglots longs des violons, etc.). C'est pas forcément drôle, et j'ai pris le parti de suivre cette fameuse seconde pendant laquelle on revoit toute notre vie juste avant de mourir.
Ca commence donc par l'évocation de l'enfance, insouciante et joyeuse :
1.
Now you’re dreaming: young and happy,
You play and laugh and you’re shiny
Life is full of joy, amaze me
Why don’t you come and hug me?Notez que tout concourt à sourire : des rires, du jeu, de la joie.
Ten years gone and the sun is shining
The grass is green and the girls are pretty
Life is full of hopes, you foresee
Future’s in hands, guarantee
Ici, on fait un bond en avant de 10 ans, le gamin est devenu ado, et découvre les filles, l'université, son futur est à portée de main.
Ohhhhhhh no, why don’t you trip in Normandy?
2.
Now you’re awake: feel sad and gloomy
Sirens are howling, men are screaming
The clothes are muddy and powder smelly
Get off your bed, it’s time for fighting
The bridge is in turmoil, and you’re scary
No need to hurry, you shall not tremble
Skies have been unleashed, trust in your country
Why don’t you worry, why in breeze quiver?
Ohhhhhhh no, why don’t you trip in Normandy?
Brusque changement d'ambiance. On se retrouve quelques heures avant le débarquement, il faut se réveiller, ça sent la poudre, on commence à prendre conscience de la boucherie qui nous attend.
3.
Now you’re landing: the water’s bloody
You quake in your boots, cold chills down your spine
Don’t think twice, just shoot them blind
Pray now, for Juno to spare your life
From left to right, behind and before you
World is on fire, onslaught on ragged glory
Bodies lying and you, you don’t stop by
Stop crying, run for your life
Ohhhhhh no, why don’t you trip in Normandy?
Le débarquement, les corps qui gisent partout, l'eau teintée de rouge, la peur, les réflexes (je tue avant d'être tué), la guerre quoi... Ici encore, le "champs lexical" est orienté (bloody, quake, cold chills, onslaught...). Il faut qu'on ressente l'angoisse, et l'horreur de la scène.
4.
Now you’re tired: need to sleep
No time to lay, heroes in progress
He looks at you, fear in his eyes
You look at him, no rest for the wicked
Why all these fighting? What do you live for?
In name of God and for your motherland
Blood in your hands, you feel sorry
The fear in his eyes is now disgust
Ohhhhhhh no, why don’t you trip in Normandy?
Confrontation entre le héros, et "l'ennemi" qui prend les traits d'un soldat aussi jeune que lui, et aussi apeuré. Il n'y a pas de méchant, ni de gentil, tout le monde ne sait pas ou plus ce qu'il fait là, mais on se bat quand même. Le dégout de la situation prend le pas sur la peur.
5.
Now you’re lying, and now you’re crying
Your murderer lying on your side
All around is sound and fury
You look at him, 18 and scary
The tears are flowing, drowned in blood
Partners in crime, howling for mercy
How deep is the wound in my chest?
How sweet will be my death?
Ohhhhhhh no, why don’t you trip in Normandy?
J'ai quand même dans tout ce maelström de violence, voulu insérer un passage un peu planant, où les deux protagonistes se regardent mourir. Les larmes et le sang sont mêlés, on sait qu'on va mourir.
6.
Now you’re dying, feel cold and sleepy
Useless body, one in a million
You see you lying, in blaze and glory
You see you lying, but don’t you care?
Remember my child, when life was happy
Remember my friend, your sweet love, your reason to be
Forget about the beach and the long sobs of violin
Without fear and anger, come to me, don’t be scary
La fin. Le héros meurt et atteint un "ailleurs". Il se remémore alors ce qui a vraiment compté dans sa vie, des images de bonheur et de félicité. Oubliées les horreurs de la guerre.
Musicalement, j'ai accompagné les paroles par une progression constante de la musique, avec un point d'orgue pendant le solo, juste avant que le soldat ne meure. La dernière partie constitue la "montée au ciel" (je ne suis pas croyant, mais je trouvais que l'image collait parfaitement au propos que je voulais énoncer dans ce morceau). C'est plutôt très compliqué d'expliquer comment les images et les scènes me viennent à l'esprit, mais tout apparaît comme si un film se déroulait devant mes yeux. Il faut que tout soit suffisamment évocateur pour que le texte soit condensé et exprime tout ce qu'on veut dire.
Bien, j'avais prévenu que tout ça serait bien triste, mais mince, ça se finit plutôt sur une note optimiste non ?