Mon précédent billet, débutant par une réflexion sur l’absentéisme scolaire, avait bifurqué sur l’absentéisme de nos législateurs. L’idée sous-jacente, mais non explicitée, était que le manque d’assiduité de nos députés les disqualifie pour légiférer à propos de l’absentéisme d’autres personnes.
J’ai été surpris en voyant ce soir au Journal télévisé certains des députés les plus absents se justifier avec des arguments ahurissants. L’un d’entre eux nous a même expliqué qu’il était préférable d’aider une personne en difficulté dans sa circonscription plutôt que d’être présent à l’Assemblée et, pour justifier cette position, il accusait certains de ses collègues de lire le journal, faire des mots croisés ou un sudoku, voire de dormir. Je ne mets en doute aucune de ces deux affirmations.
Mais je renverrai ce député pas très honorable à la définition de l’absentéisme. Un salarié lambda à l’obligation d’être présent sur son lieu de travail. Lorsqu’il n’y est pas, quel qu’en soit le motif, s’il n’est ni malade, ni en congé, il est absent. Cette obligation est même si contraignante que, lorsqu’un salarié est en arrêt de travail, des contrôleurs de la Sécurité sociale ont pour mission de vérifier qu’il est bien à son domicile.
La fonction de député est très précisément définie. Le début de semaine est réservé à l’Assemblée nationale, les jeudi et vendredi peuvent être consacrés aux circonscriptions. Le député bénéficie d’une indemnité principalement destinée à le mettre à l’abri du besoin et de la corruption. Il ne lui appartient pas de s’autoriser à manquer les jours de session parlementaire. Comme un de ses soucis importants, sinon majeur, est d’assurer sa réélection, il peut être tenté de sacrifier son activité de législateur aux actions visant à satisfaire certains de ses électeurs potentiels. Mais, quand il le fait, il manque à ses devoirs.
Ce grand absent, dont le nom ne m’importe guère, se fait le procureur de ses confrères. Il a vraisemblablement raison mais il ne fait que soulever un autre problème, celui du niveau d’activité d’un député. Les entreprises sont face au même souci mais, dans l’ensemble, elles parviennent à éviter les excès, même dans une fonction publique si décriée. La première condition, nécessaire mais non suffisante, pour être actif, est d’être présent. La fonction législative est un élément essentiel du rôle de député. Ceux qui jugent au-dessus de leurs forces de la remplir feraient bien de retourner dans la vraie vie, sur le marché du travail.