Émotion et raison

Publié le 22 juillet 2010 par Christophefaurie
Animation d’un séminaire dans le cadre de la réforme des chambres de commerce.
L’idée de la réforme est d’organiser les chambres dans une logique régionale (elles s’étaient développées, depuis le 16ème siècle, comme un prolongement d’un tissu économique).
Ce que j’en avais vu jusqu’ici était curieux : une sorte de vent de panique semblait courir sur les CCI. Résistances au changement, coups de Jarnac, trahisons, dépressions et résignation à l’injustice du sort, paralysie et attentisme, impression de fin de monde…
Or, dans la région à laquelle je viens de rendre visite : aucune angoisse. Le changement est une sorte de non événement. Et la réforme sera effective au 31 décembre, avant même le coup d’envoi officiel de sa mise en œuvre. Plus curieux : tout ce qu’ailleurs on agitait comme excuse pour ne rien faire est ici raison d’action urgente. D’ailleurs cette région a trouvé des solutions simples et élégantes à tous les problèmes qui semblent insolubles ailleurs (plus exactement elle ne s’était pas rendu compte qu’il y avait problème, avant que je lui explique ce qu’on en disait ailleurs). Notamment, elle a construit un comité de direction constitué des dirigeants généraux des chambres. (Ailleurs, on envisage un pouvoir régional fort, alors que la région avait jusqu'ici un rôle de représentation auprès de l'État : un changement complexe.)
Cette très bizarre différence de comportements pourrait illustrer quelques-unes de mes thèses :
  • La première étape du changement est l’émotion. La plupart des CCI françaises lui sont encore soumises. Or, les CCI sont faites de gens remarquables sous quelque angle qu’on les observe : expérience, diplômes, réussites passées… l’homme est plus un être d’émotion que de raison. 
  • Le changement est un sport d’équipe. L’homme seul est perdu face à lui. Dans cette région les dirigeants de chambre se sont unis et affrontent le changement en groupe. Ils sont confiants. Impression de force tranquille. Ailleurs, chacun traverse seul la perturbation, et se replie sur lui-même. D’où dilemme du prisonnier, et stress.