Les éditeurs de presse seraient-ils sur le point de s’entendre, là où ceux du monde du livre n’ont jamais réussi à s’accorder? C’est ce que laisse penser la récente réunion du Syndicat de la Presse Quotidienne Nationale (SPQN) dont Le Figaro rapporte les annonces. Devant une assemblée d’éditeurs et de journalistes, avec Nathalie Kosciusko-Morizet, la secrétaire d’État à la Prospective et au Développement de l’économie numérique comme invitée, les dirigeants du syndicat ont annoncé un projet pour le moins ambitieux : créer ex-nihilo un kiosque numérique qui permettra de distribuer des journaux et des magazines sur PC/Mac, tablettes et smartphones.
Pour le SPQN, il ne s’agit pas de venir concurrencer l’App Store dont les pages s’emplissent chaque jour un peu plus de titres de presse mais de proposer une alternative payante et viable à long terme à Google News (qui intégrera très prochainement de la publicité). Au coeur du projet du SPQN, un GIE (Groupement d’Intérêts Economiques) auxquels participent six quotidiens nationaux : Le Monde, Libération, Le Figaro, Les Échos, Le Parisien et L ‘Équipe. Après une annonce officielle prévue pour la rentrée (et un lancement fin 2010), ce GIE aura pour mission de développer la plateforme de distribution et du plan de communication. De plus, n’importe quel éditeur de presse pourra être distribué sur cette plateforme car l’enjeu est d’atteindre un nombre d’éditeurs et de titres suffisants pour amortir le coût de la structure.
Pourtant, deux questions restent encore sans réponse : celle du financement et celle de la cible d’un tel service. Concernant le financement, le GIE permettra de mutualiser les coûts même s’il convient de se rappeler la santé financière plutôt délicate des groupes de presse. Ce projet doit aussi trouver un partenaire technique (Orange et Microsoft ont été cités à plusieurs reprises). Enfin, comment s’intégrera ce service dans l’offre actuelle ? Est-ce que les éditeurs arriveront à disposer d’une technologie qui permettra de distribuer des contenus innovants et de qualité, comme on peut le voir sur l’iPad ? Le choix du partenaire technique va être crucial.
Reste également à savoir comme ce service s’articulera par rapport aux deux kiosques numériques déjà existants en France, Relay.com (Lagardère) et LeKiosque.fr (Indépendant). Un partenariat ou un rachat en vue ? Malheureusement, aucun de ces deux acteurs ne dispose (encore) du savoir-faire technique et technologique capable de rendre cette plateforme concurrentielle. Ainsi, le passage par un grand nom du web ou de l’informatique semble obligatoire si le SPQN veut un service à la hauteur de ses ambitions.