La peur, cette arme destructrice

Publié le 22 juillet 2010 par Chezfab

Dans la région de Strasbourg, des salariés viennent d’accepter de faire don à leur patron de plusieurs jours de RTT et de geler leurs salaires pendant plusieurs années. Et ce pour que l’entreprise reste « compétitive » selon la direction.

Je n’irai pas rappeler ici le nombre de fois où cela s’est produit et où l’entreprise à quand même fermé. Cela se résume à peu de chose : à chaque fois !

Mais alors, qu’est ce qui peut bien motiver les salariés à accepter ce jeu de dupe ?

Il est simple de dire, comme les patrons, que les salariés ont « pris la mesure de l’urgence et pris la bonne décision ». En gros : ils nous suivent en bons petits soldats …

Non, nous sentons poindre sous tout cela le spectre le pire de tous : la peur. La peur de perdre son emploi pour des travailleurs souvent peu qualifiés, qui voient l’emploi industriel fondre comme un iceberg au soleil. La peur d’être vu comme « non compétitifs » dans une société de l’ultra compétition, ou le sort de l’équipe de France (notre nouvelle armée) compte plus que la réforme des retraites. La peur de l’autre, de l’étranger, celui qui vient prendre « notre travail » et qui « affame nos enfants », dans un climat où l’oligarchie dresse les travailleurs les uns contre les autres, pays contre pays, quartiers contre quartiers.

Oui, c’est la déraison et la peur qui entrainent le choix de sacrifier ses conditions de vie plutôt que de lutter. La peur que l’oligarchie, aidée de ses sbires du gouvernement et des médias, sait distiller.

Et le patronat n’hésite plus à demander toujours plus. Les salariés se sont vu demander, le lendemain de leur accord pour « exploser leurs acquis sociaux », par la direction, d’annualiser en plus le temps de travail, histoire de les pressurer un peu plus, et de les faire bosser comme des couillons… Pourquoi se priverait-elle dans un tel climat de pousser toujours plus loin de cynisme ?

Mais le problème est ailleurs. Il est dans ce qu’il n’y a pas en face !

Les syndicats d’accompagnement, CFTC et CFDT en tête, suivi de peu par la CFE-CGC et FO ont fait un mal fou aux travailleurs. Au nom d’une soit disant « réalité économique » et d’un « réalisme social », ces confédérations ont tout laissé passer. L’économisme leur ayant complètement bouffé le cerveau, elles n’ont pas su anticiper les nouvelles armes du patronat et en sont devenu, de plus en plus, des supplétifs.

SUD et la CGT tentent de rester dans la ligne de la défense des salariés. Dans la lutte des classes aussi. Mais, le prix des intersyndicales sans fin, sans base, sans « après » commence à grignoter la capacité de ces syndicats à rester réellement à 100 % du côté des travailleurs. Petit à petit, l’économisme grignote de plus en plus là aussi. Dernier exemple en date : aujourd’hui la CGT et SUD défendent la retraite à 60 ans… Alors qu’il y a peu, ces deux structures exigeaient la retraite à 55 ans pour tous !

Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas se syndiquer, au contraire : le syndicat est ce que nous en faisons !

Au niveau politique, ce n’est guère mieux quand les deux premières forces dites de gauche (PS et Europe Ecologie) font plus dans le « social libéralisme » qu’autre chose… Imaginons-nous DSK ou Eva Joly du côté du peuple ?

Il est donc largement temps de retrouver le gout de la lutte sociale, sans attendre que tout vienne d’en haut.

Soyons créatifs, osons faire des contre propositions, osons parler de « liberté », osons être pour l’autogestion, osons offrir l’idée d’une réappropriation des moyens de production !

Cessons d’être timorés face à une oligarchie toujours plus violente et puissante ! Ouvrons les vannes de la lutte, puissante, forte, libératrice ! C’est notre devoir aujourd’hui, celui de ne pas céder à la panique, d’être toujours plus éveillés ! Unis, transgressifs, forts, solidaires, fraternels…

Car leur victoire n’est pas tant notre défaite que notre gout à l’inaction ! Nous sommes devenus nos propres bourreaux à force de baisser les bras et de courber l’échine. Il n’est pas dans mes intentions de laisser croire que l’ennemi en face serait facile et peu puissant. Mais, n’oublions jamais que s’ils sont puissants, c’est en grande partie du fait de notre passivité…

La peur est traitresse et insidieuse, mais elle se combat. A nous de choisir de briser nos peurs !