La rupture, celle des vacances, du soleil et des pays où la langue qui berce nos oreilles est autre que celle de nos jours habituels. Cette rupture impacte le temps, le caractérise, le colore et lui donne une empreinte en dehors du temps, de l'espace. Allongé à la plage, les yeux fermés, on entend la mer bien entendu, mais aussi et surtout le bruissement des vacanciers, allant et venant, les jeux incessants, le rituel face au soleil, les gens qui se cherchent et ceux qui paraissent ne jamais se trouver bien que toujours ensemble.
Il est des gens qui lisent, d'autres qui somnolent, d'autres qui rêvassent. A quoi donc peut-on penser à la plage ? Aux vacances, à l'année écoulée ou à celle qui vient ? Cet instant est tellement particulier, à nul autre pareil. C'est vrai, on ne fait de même ni à la campagne, ni ailleurs. Allongés sur nos serviettes parallèles comme s'il fut été indécent de tourner le dos à la mer, nous nous prenons un carré de sable et y passons des heures, des jours. Le sable est mou et chaud, il est le réceptacle idéal pour nos regrets, nos envies d'après, nos rêves les plus fous. C'est vrai que même si rien de particulier ne se passe le plus souvent à la plage, tout y parait possible, l'espace d'un instant infime. Nous entrevoyons alors la vie rêvée, la vivons le temps de refermer les yeux en piégeant le soleil, on y plonge à pleine envie, et revenons au flou du freesby qui nous heurte. L'enfant n'a pas fait exprès, il fallait revenir de toute manière, enfin, peut-être... A la plage, ne fermez jamais les yeux ou soyez prêtes à tout..