Parce que sa fillette de 3 ans avait fait pipi au pied d'un arbre dans unparc de Lyon, un père de famille a été verbalisé mardi par la police municipale. Le papa a, contesté cette amende de classe trois pouvant aller jusqu'à 450 euros. Devant l'ampleur que commençait à prendre l'affaire, la Ville de Lyon a annulé la contravention «pour miction sur la voie publique».
Quiconque a des enfants sait qu'il est très difficile de leur expliquer que leur besoin pressant peut bien attendre les prochaines toilettes publiques. Mais apparemment, certains policiers municipaux ne connaissent des envies urgentes et enfantines que celles de dresser des PV. Même le pipi est rentable pour les finances municipales (et, accessoirement, pour l'avancement des agents municipaux qui, comme leurs aînés de la police nationale, sont notés sur le nombre de prunes qu'ils distribuent -pour les nationaux, les gardes à vue rapportent encore plus de points).
Une affaire anecdotique à première vue, mais très symbolique de la société dans laquelle nos enfants grandissent. On ne fume pas, on ne boit pas, on mage cinq fruits et légumes par jour, on bougez-courez, mais on n'élimine pas, surtout sur la voie publique.
Dans notre belle île de la Réunion, une telle mésaventure serait bien sûr impossible. A l'Ermitage, le pipi derrière les filaos est un sport national. Et les ruelles odorantes de nos riantes cités, notamment Saint-Denis, Saint-Pierre, et Saint-André (tiens, d'ailleurs, au moment où j'écris ces lignes, un quidam pisse sur mon barreau. Rappelez-moi de vous raconter la blague de la mémé qui... bon, je m'égare, là).
Celà dit, à la décharge (euh... ) de ces adultes makotes, les sanitaires publics sont aussi rares à la Réunion que de l'animation nocturne à Saint-Denis. Se soulager légalement, c'est vraiment miction impossible.
François GILLET