Terre et Lune de Jacob Lorber
CHAPITRE 67
(Un fait remarquable et mystérieux : les visions. Explications et règles à ce sujet. Des rêves nocturnes et des espèces principales de rêves. Le portrait de la * psyché * - La vue somnambulique. Visions de l’avenir : comment cela peut-il être à la connaissance des esprits ? La valeur des visions authentiques. Le destin et la libre volonté. La puissance des Enfants de Dieu due à l’amour du Père. L’interprétation des rêves, une multiple folie. De semblables superstition apportent du danger pour l’âme, parce qu'elles détournent de la confiance dans le Seigneur. )
- 14 avril 1847 -
Comment et à quoi pourra-t-on reconnaître ce que j’ai voulu entendre comme une chose remarquable et mystérieuse dans le préavis fait ? - Cette chose mémorable porte-t-elle quelques marques extérieures ?
En ce cas on ne peut parler de marques, et si même il y en a quelques-unes pour un subtil observateur, en général il n'y est prêté que très peu ou même absolument aucune foi.
Ce fait remarquable et mystérieux consiste généralement en certaines visions qui se manifestent en des individus bons et même en des méchants, et qui peuvent dériver du Ciel ou bien de l'Enfer ; par conséquent, il est on ne peut plus nécessaire d'avoir sur ce fait très important des explications précises et des règles justes, dans le but de savoir quel comportement avoir vis à vis de semblables phénomènes mystérieux et parfois à peine croyables.
Les visions sont de diverses espèces ; la forme la plus commune des visions est connue de tous, c'est le rêve durant le repos nocturne.
Et ici surgit spontanément la question: Qui est-ce qui rêve vraiment, et que sont les images du rêve ?
Durant le sommeil ordinaire c'est l'âme seulement qui rêve, et ce rêve n'est rien autre qu'une contemplation confuse de l'âme dans ses propres conditions, qui n'ont cependant aucun nœud ou lien entre eux et qui se succèdent au contraire en variant continuellement comme les images de ce que l'on appelle un kaléidoscope, de sorte qu'une même image ne se présente jamais une seconde fois.
Cette vision décousue d'images se référant à une condition et à un état propre, a sa raison en ce que l'âme même se trouve hors de liaison tant avec le monde extérieur, que plus particulièrement avec son propre esprit.
Cette sorte le visions n'a pour l'âme pas d'autre utilité que celle, qu’après un semblable rêve, elle peut se rappeler quel est son état vu d'un point de vu absolu.
Si l'âme se donne le peine de regrouper les rêves, ou mieux même, si possible, de les mentionner tout bonnement par écrit, elle peut avec de tels éléments composer un vrai portrait d'elle-même ; ces images lui indiquent comment elle est constituée en elle-même, quelles sont ses envies principales, quelles sont ses aspirations, et quel est en général son état d'ensemble, ainsi que quel sera celui-ci lorsque l'âme se trouvera complètement libérée de la chair.
Ces sortes de rêves ne sont provoquées dans l'âme ni par les esprits infernaux, ni moins encore par ceux célestes, mais ils sont au contraire des produits particuliers de l'âme elle-même, dont elle se souvient, parfois plus, parfois moins, ou tout bonnement absolument pas, ce qui dans un homme encore complètement naturel dépend principalement de la façon dont est constitué son esprit nerveux. S'il incline plutôt vers l'âme l'individu se souviendra exactement presque de chaque rêve ; si par contre il tend de préférence vers la chair, et généralement dort avec elle, alors il ne se souviendra que peu ou pas du tout des rêves reçus, ce qui est ordinairement le cas de ces hommes qui sont très sensuels et matériels.
Toute autre chose sont par contre certains rêves lucides, durant lesquels l'individu qui rêve semble se trouver devant une parfaite réalité, de sorte qu'en se réveillant il peut à grand-peine se rendre compte s'il s'est agi d'un rêve ou bien d'un fait réel. Ces sortes de rêves ou de visions ne sont pas des produits de l'âme mais bien plutôt des esprits qui se tiennent autour, qu'ils soient de nature bonne ou méchante. Si ce sont ceux de nature méchante qui les ont provoqués, l'âme, et avec elle son corps aussi, se réveillera d'un semblable rêve presque complètement épuisée ; mais si ces visions sont l’œuvre de bons esprits, l’âme et le corps en se réveillant, se trouveront au contraire comme fortifiés.
Ces deux sortes de visions sont permises afin qu'elles aient à être utiles à l'âme, et non pas à lui nuire ; dans les mauvaises elle doit apercevoir un avertissement, dans les bonnes, trouver un réconfort.
Ces visions se manifestent aussi vives, pour le motif que les esprits qui les provoquent, détournent avant tout l'esprit nerveux de se fonction matérielle et l'unissent à l’âme ; c'est pourquoi dans ces conditions l’âme a la sensation du naturel en se trouvent au contact avec son propre esprit nerveux, et il en résulte ensuite que, fortifiée, elle peut accueillir et conserver en elle des images beaucoup plus marquées et significatives.
A cette sorte de visions intérieures appartiennent aussi les visions des somnambules, et ainsi aussi, comme déjà indiqué une autre fois, celles provoquées par ce que l'on appelle la narcose par l'éther sulfurique. Ces visions constituent donc en soi déjà un certain complexe harmonique qui va se dérouler avec un certain ordre, étant donné qu'en ces cas l'âme est placée par les esprits qui l'entourent en face de vérités déjà plus pures.
Durant de semblables visions, de la part des esprits, sont exposés à l’âme les événements futurs, ce qui pour eux n'est pas réellement très difficile, parce qu'en premier lieu ils connaissent l'ordre des choses, la façon dont elles doivent invariablement se succéder, et en second lieu parce qu'ils sont eux-mêmes représentant de cet ordre.
Il arrive précisément comme lorsque quelqu'un est introduit dans une maison étrangère, où il ne peut savoir ce que le maître de maison a dans l'esprit de faire aujourd'hui, demain et après-demain, alors que le maître de maison le sait très bien, devant nécessairement être au courant de ses propres affaires. Mais s'il vous dit ce qu'il fera alors vous le saurez vous-aussi. Pareillement vous ne pouvez savoir tout ce que les esprits accompliront encore en cette année, pour la raison que vous êtes encore des étrangers en leur maison ; mais si les esprits le révèlent à une âme, celle-ci aussi aura connaissance de ce qui arrivera. Mais pour que les esprits puissent révéler quelque chose de semblable à l'âme, il faut qu'ils la mettent avant tout en conditions d'accueillir la révélation, et cette préparation est justement ce dont il est parlé à l'instant.
A ce genre de visions on peut donc prêter déjà beaucoup plus de foi, mais nul ne doit, comme autrefois les païens, les considérer comme une soi-disant annonce irrévocable du Destin, parce que malgré tout personne ne doit être gêné dans l'exercice de se propre libre volonté. Si quelqu'un veut sérieusement que les choses se déroulent autrement que ce que les esprits lui ont montré dans la vision, il suffit qu'il s'adresse à Moi pour que les choses aillent d'une autre façon, et celles-ci aboutiront effectivement autrement afin qu'il croit et ait confiance qu'en s'adressant à Moi il peut obtenir ce qu'il demande ; car, Moi Seul, Je peux à tout instant changer le cours de tous les évènements.
Et si Moi en Personne Je décidai : Voilà, demain Je ferai ceci ou cela, mais que tu te concentres dans ton amour et dans ta foi en Moi, et que tu Me pries de ne pas faire selon Mon Intention, alors Moi aussi Je ferais selon ta prière, et ce n'est pas pour cela qu'il en résulterait un désavantage pour quelqu'un, parce que Je peux disposer tous les rapports, les états et les choses d'une manière ou de l'autre à volonté, et toujours, tous sont à Mon Service, mille comme un seul, et un jour doit être pour Moi comme une année, et mille ans comme un jour.
Par conséquent il ne convient pas que quelqu'un s'épouvante trop à cause de telles visions qui ne sont réellement pas si rares ; car si elles sont de nature bonne, déjà pour cela il n'y a aucune raison de s’épouvanter, et si elles sont mauvaises, le cours des évènements peut toujours être changé. Mais certes, si quelqu'un y croit vraiment fermement, au point d'admettre que la vision est plus forte que Moi, alors c'est comme s'il avait prononcé le *FIAT*.
Il est à observer ensuite que l'âme humaine est tellement faible qu'elle tire des rêves les plus simples, très volontiers et souvent en pleine foi, toutes sortes d'étranges conséquences pour l’avenir, et les hommes ont déjà établi une règle déterminée, selon laquelle certains rêves doivent être suivis de certains évènements ; cette classification des rêves et leurs conséquences précises sont naturellement, il n'est pas besoin de le dire, tout aussi extraordinairement idiotes que celui qui a établi le classement. Par exemple quelqu'un rêve d'eau ; cela signifie la Mort de quelque parent ou d'une connaissance. Le feu veut dire mensonges ou bien quelques joies ; si l'on rêve de pain, de fumier ou de noces, on estime qu'il devra s'ensuivre un cas de mort dans la famille. Les abeilles vues en rêve ont comme conséquence un incendie ; les fourmis apportent l'inondation ou bien de graves soucis aux hommes. Si le rêve a quelque rapport avec des sauterelles, des grillons et des oiseaux qui volent alors il y aura guerre ; et l'on pourrait ainsi continuer avec une très grande quantité de sottises, et pour ne pas parler ensuite des rêves à l'usage du jeu de loterie.
Ces images qui se présentent à l'âme durant le rêve sont bien sûr des images correspondant à l'état de l'âme elle-même, mais ne sont à aucun égard des prophéties d'évènements futurs.
Il peut arriver assez facilement que quelqu'un ait autant de parents, d'amis et de connaissances qu'il y à de jours dans une année, et parfois même dix fois plus, et alors il n'en faut pas beaucoup pour que parmi les centaines ou même les milliers d'individus connus quelqu'un vienne à mourir à l'intérieur de ce temps d'une année. Eh bien, si un tel rêve d'eau, de pain, de fumier ou bien de noces, voilà que la prophétie peut s'appliquer à un quelconque mort. Qu'il soit mort d'ailleurs quatorze jours avant le rêve ou bien quatorze jours après est indifférent ; Et ainsi en est-il de tous les autres rêves. Il y a quelqu'un qui a vu en rêve une quantité de sauterelles ; il y a donc une guerre en vue, et le quidam l'attend un peu avec peur et un autre un peu presque avec désir ; mais comme dans son propre pays, comme un fait exprès, on ne parle pas de guerre, et pas non plus dans les pays voisins, il se met à consulter les journaux avec beaucoup d’empressement et voilà qu'il y trouve la nouvelle de combats entre marins et colonisateurs anglais d'un côté et indigènes de la Nouvelle Zélande d'un autre côté ; alors, lui, d'un geste pathétique se frappe le front et dit tout à fait sérieusement : " Or il y a peu j'ai rêvé (N. B. en Styrie) de sauterelles ; cela veut dire guerre, et en effet il y a la guerre en Nouvelle Zélande. Si notre lecteur s'était donné un peu plus de peine, il serait tombé dans les journaux, encore sur diverses autres guerres en même temps.
Vous voyez, une semblable croyance est un mal qui peut apporter beaucoup de dommages à l'âme, car l'âme acquiert avec cela l'habitude de perdre en ces occasions toute confiance en Moi ; et d'autant plus en grand nombre de tels scrupules de la vision Prophétique mettent racines dans l'âme, d'autant plus ils affaiblissent la foi, la confiance, et même l'amour en Moi. Bien qu'une semblable espèce de rêves simples soit un fait exclusivement de l'âme, les sottes interprétations qui se font des rêves sont à attribuer au contraire à l'action d'une mauvaise race d'esprits qui en de telles occasions rampent sur la chair de l'homme, comme les grosses mouches courent sur le fumier, et de la chair ils absorbent ces visions animiques de rêve en salissant ensuite l'âme à nouveau avec de semblables stupides lubies prophétiques. Celles-ci ne sont donc rien l'autre que les immondices de ces méchantes grosses mouches spirituelles, immondices dont souvent l'âme est si recouverte, comme une fenêtre l'est par l'action des mouches, qu'elle finit par ne plus du tout laisser passer - ou seulement avec difficulté - les rayons du soleil ; de la même façon le rayon de grâce de Mon Soleil Spirituel ne peut avoir d'effet sur l'âme, parce qu'elle est en ces cas trop barbouillée et rendue opaque par des bêtises de ce genre.
Mais c'est pourquoi justement Je vous communique tout cela, afin que vous sachiez pour l'avenir que penser des rêves, du point de vue de la vérité, et à côté de ceux-ci, aussi des visions d'une autre sorte dont nous traiterons ensuite avec beaucoup plus de détails. Chaque phénomène a bien certainement sa cause correspondante, de même qu'un but correspondant ; mais les lubies stupides du genre à l'instant décrit sont absolument déplacées.
Prochainement donc, nous ferons d'autres considérations en ce très remarquable domaine !