Les vacances commencent à se profiler et, outre le choix de la crème solaire, arrive aussi l'heure du choix des bons bouquins de vacances, ceux qui vous feront vibrer sur votre serviette de plage, ceux que vous ne lâcherez plus dans votre transat. Moment difficile que celui-ci, car la "rentrée" de juin offre son lot de navets estivaux, alors comment les détecter et choisir les bons livres pour l'été ?
Cette période d'euphorie estivale marque heureusement la sortie en Poche de grands succès critiques et publics récents, publications bien pratiques pour les lecteurs-cigales fort dépourvus quand le soleil est revenu.
Ami lecteur, mets toi donc d'abord à la recherche des couvertures trop chamarrées et des titres à jeux de mots ou trop racoleurs (façon Scandale à la Maison Blanche, ou Panique sur Broadway ), qui sont autant d'indices de la médiocrité probable de l'ouvrage, camouflée sans succès derrière un marketing bas de gamme sensé attiré des lecteurs occasionnels souvent moins bien informés.
Attention aussi aux titres cul-cul la praline dont raffolent nos romanciers de gare nationaux, j'ai nommé Marc Lévy et Guillaume Musso, dont les titres fleurent bon l'eau de rose : Que serais-je sans toi ? Toutes ces choses qu'on ne s'est pas dites ; S eras-tu là ? ; Où es-tu ? Parce que je t'aime (je n'invente rien). Du coup, à la vue d'un " Pourquoi n'es-tu pas là ?" ou " A quoi bon, sans toi", fuyez, c'est sans doute encore eux !
Autre espèce à surveiller, car souvent sur le déclin, l'écrivain trop ponctuel, l'élève trop appliqué qui, ô miracle, arrive à sortir un roman bon an mal an pile pour l'été ou septembre ... Parmi ces romanciers réglés comme une horloge, poules pondeuses d'éditeurs avides, on trouve entre autres Amélie Nothomb ou Douglas Kennedy, qui ont le mérite d'être parfois distrayants mais sont bien loin de la qualité de leurs débuts.
Bien sûr, le livre du people (ou plutôt de son nègre), est à bannir : mémoires de Sophie Davant, témoignage de lofteur, autobiographie de never-has-been, entretiens avec Christian Audigier, offrent le degré zéro de la littérature, dans un condensé pétrifiant de banalité et de platitude. (Je n'ai jamais eu la chance de réellement lire un tel livre, mais un feuilletage rapide en librairie donne déjà une bonne idée de la chose)
Passons maintenant aux BONS livres ; malheureusement, il n'existe rien pour les distinguer à part parfois un bandeau de prix littéraires, et encore. Seuls la lecture, les critiques, le bouche à oreille et souvent un bon libraire peuvent vraiment guider vos choix avec succès.
Quelques idées et valeurs sûres parmi les nouveautés Poche de cet été, pour être à la - bonne - page sans se ruiner :
* Au Bon Roman, de Laurence Cossé ; sur la formidable entreprise de deux passionnés de lecture pour créer le repaire libraire parfait. Se dévore, surtout si vous êtes sensible à l'univers du livre en général.
* Corniche Kennedy, de Maylis de Kerangal. Une romancière de la nouvelle génération française, qui signe un excellent ouvrage sur l'oisiveté estivale de quelques jeunes marseillais. Un style remarquable et une histoire passionnante.
* Une Exécution ordinaire de Marc Dugain, qui mêle deux volets historiques de la Russie dans un roman qu'on ne lâche plus : la fin de l'ère Staline et le naufrage du sous-marin Koursk en 2000. Un très bon roman, qui concilie histoire, actualité et fiction.
* L'Origine de la Violence de Fabrice Humbert. Comment ne pas en parler ? Prix littéraire des Grandes Ecoles 2010. Un roman sur la banalité du mal à partir d'un personnage qui va se retrouver lié par l'histoire familiale à un ancien détenu de camp de concentration. Voir les critiques des étudiants sur cet ouvrage sur http://www.prixlitterairedesgrandesecoles.fr/
* Est-ce ainsi que les femmes meurent ? de Didier Decoin. L'analyse romancée d'un fait divers par un membre de l'Académie Goncourt. Style, réflexion, originalité : tout y est !
* Sur la plage du Chésil, de Ian McEwan. Délicate description de l'immédiate suite du mariage de deux jeunes gens dans l'Angleterre des années 60. Un roman extraordinairement fin et précis, qui décortique scrupuleusement et poétiquement les peurs et réticences de chacun.
* Les Déferlantes, de Claudie Gallay. Prix littéraire des Lectrices de ELLE, ce livre a connu un succès considérable du fait de son style fluide et de sa passionnante narration qui n'étaient pas sans rappeler la Anna Gavalda de ses débuts.
* Pour les polars, Arnaldur Indridasson est une valeur sûre avec son personnage fétiche Erlendur (encore et toujours les auteurs policiers du Nord)
Mille et un Livres de Poche moins récents seraient également à recommander, mais profitez de ce bon cru de nouveautés pour découvrir les succès des 18 derniers mois !
Bonne lecture !