Plus d’un mois après les élections législatives du 13 juin, la Belgique n’est encore nulle part dans l’ébauche d’un nouveau gouvernement fédéral et encore moins dans la constitution de celui-ci. Un phénomène classique dans ce royaume clivé qui impose de facto aux partis candidats au pouvoir de se coaliser nord-sud pour gouverner. C’est d’ailleurs en partie de là que vient le mal qui ronge ce non pays.
Cette fois et plus que jamais, la situation est au paroxysme de la nervosité (en Flandre) et de l’inquiétude (chez les francophones) face aux exigences flamandes d’autonomie car il n’est plus possible pour les francophones de chercher une quelconque échappatoire. Les dés sont jetés et la Flandre est en marche.
Pour rappel, la NV-A séparatiste et républicaine de Bart De Wever a raflé la mise en Flandre après avoir laminé les autres partis dont son ancien allié, le chrétien-démocrate CD&V de Leterme, tandis que le PS d’Elio Di Rupo renforçait son leadership en Wallonie et à Bruxelles au détriment notamment des libéraux du Mouvement Réformateur de Didier Reynders (MR, un parti proche de l’UMP). Une chose est quasi certaine, ces deux partis devraient constituer l’ossature du futur gouvernement fédéral en y adossant d’autres partenaires afin de détenir une majorité pour voter une réforme de l’Etat.
Bart De Wever, ex-épouvantail des francophones, est subitement devenu fréquentable pour le très belgicain Elio Di Rupo avec lequel il paraît s’entendre comme ‘cul et chemise’. Mais ne nous y trompons pas, ces deux compères sont des maîtres es communication et cette si belle entente n’est qu’un vernis que le vif du sujet, quand il s’agira de négocier, ne tardera pas à décaper sec.
Les francophones sont au pied du mur
Après avoir été pendant des lustres les empêcheurs de tourner en rond pour Mère Flandre, les francophones vont maintenant devoir s’aligner et concéder bien plus que les Flamands. C’est clair comme de l’eau de roche.
Le risque majeur pour les Wallons et les Bruxellois francophones est que leurs responsables politiques candidats au pouvoir acceptent de trop sacrifier à la Flandre avec des clopinettes pour compensation afin de maintenir en vie coûte que coûte un Etat Belgique moribond qui ne sera plus qu’une coquille vide. L’autre risque, intimement lié au précédent, est personnifié par le ‘pré-formateur’ et bientôt formateur Elio Di Rupo, un intellectuel brillant et ambitieux, qui fera tout pour décrocher le poste de Premier ministre qui lui est offert. Le dernier francophone le fut durant quelques mois il y a trente ans passés car ce poste était chasse gardée pour la Flandre. Les stratèges flamands ont une fois de plus bien joué en acceptant qu’un Wallon à peine bilingue devienne chef du gouvernement fédéral.
La priorité prioritaire d’Elio Di Rupo est de maintenir (mais jusqu’à quand ?) une sécurité sociale ‘nationale’ alors que la régionalisation totale ou partielle de ce fondement de l’Etat est revendiquée par la plupart des partis flamands et bien entendu par la NV-A. Le candidat à la primature paraît prêt à faire beaucoup de concessions pour garder ce trésor en livrant à la Flandre le sort des francophones de la périphérie de Bruxelles et en acceptant de mettre sur le tapis l’amnistie des collabos de la guerre 40-45, une vieille revendication flamingante qui est revenue subtilement à l’ordre du jour via deux intellectuels flamands de la société civile.
Dans ces conditions, qui oserait affirmer que le sort des quatre millions de francophones de Belgique est en de bonnes mains ?
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Cet article est publié sur AgoraVox et Medium4You.
Un éclairage personnel et subjectif dans le cadre de cet article :
La Fandre expliquée aux Français (Le blog de Frederik Dhondt)
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