Fouyaya, fouyaya, l’actualité est tendue comme un string-léopard sur une plage à la mode ! Avec ces gendarmes qui se font rouler dessus, qui ont le mauvais goût d’utiliser leur arme de service contre un caïd multirécidiviste ou un fuyard qui vient de forcer un barrage, quitte à le buter, on est vite débordé sous le bouillonnement médiatique provoqué par les mouvements spasmodiques de nos gouvernants et des politiciens qui bourdonnent autour. Et avec une telle effervescence, nous avons frôlé le pire : une action concrète !
Evidemment, il y a d’abord eu Brice.
C’est une forte tête, le Brice. Il ne se laissera pas faire ! Quand il y a des violences et des criminels, comme tout super-héros de la République du Bisounoursland, il sort la tête de son ministère, prend à peine le temps de s’entourer d’une centaine de CRS et le voilà parti à l’assaut des méchants, en se jetant, quasiment sans préparation, dans les forêts de micros et de caméras. Mâchoire serrée, sourcils froncés, petits poings fermés, menton haut et verbe court, il pose alors un geste : il fait un discours.
Comme il l’explique en substance, il ne leur lâchera pas le slip, aux méchants et aux vilains ! Il va les pister et les en faire baver ! Et comme cela dure depuis des années, maintenant, il nous l’explique : ça ! ne ! rigole ! plus ! Il va y avoir des présences massives de policiers pendant ses visites, un hélicoptère (oui, oui, un, tout entier, avec marqué Police dessus, un projecteur et un porte-voix qui dit « rendez-vous vous êtes cernés » comme dans les films américains), et du changement de préfet fissa fissa ! Il va y avoir des commissions d’enquêtes, des réunions parlementaires, des lois. Oui. Des lois, des nouvelles, des plus belles, plus grandes, plus fortes. Parce qu’une loi, ça peut toujours servir en cas de coup dur !
Go, Brice. Go.
Pendant ce temps, les plus hautes instances de l’Etat Républicain A Qui On Ne La Fait Pas se sont réunies devant une solide camomille des familles et ont décidé, là encore, de tenter l’approche d’une ébauche d’esquisse d’essai d’action concrète. Le président Sarkozy a donc, comme Brice, fait un discours.
Et là, pif, paf, badaboum, ça a volé dans tous les sens : tous les méchants et les vilains que Brice avaient laissé filer, Nicolas les a rattrapé et leur a fait goûter de son gros bâton républicain ! Vlan. Terrible :
C’est une véritable guerre que nous allons livrer aux trafiquants et aux délinquants
La Guerre, les enfants, c’est La Guerre !
Parce qu’avant, alors qu’il était ministre de l’intérieur, puis en 2007, une fois élu président, on n’en était qu’aux échanges de bons procédés, petites claques ici, petites tapettes par-là. Et comme les petits soufflets et les micro-taloches ne donnent pas grand chose, maintenant, on passe, c’est décidé les enfants, à la distribution de bourre-pifs bien dosés ! Non mais.
Sauf que … là encore, on frôlerai d’un peu trop près une action concrète, action qui risquerai d’avoir un résultat, positif ou négatif, chose que les élus redoutent par dessus-tout puisqu’ils pourraient alors en être responsables d’une façon ou d’une autre. L’inaction a ceci de douillet qu’elle permet de toujours s’écarter toute responsabilité selon le mode « c’est pas moi, j’ai rien fait« .
Heureusement, les traditionnelles associations alter-pensantes, socialement rondes et sans aspérités, gonflées à l’hélium pour éviter tout contact de leurs pieds avec le sol, se sont empressées de prévenir l’inimaginable. De la même façon, l’opposition, trop contente d’exister dans la contre-inaction, n’a pas loupé l’occasion de trouver un angle d’attaque fertile pour paralyser toute velléité d’agissement un tant soit peu palpable.
Les uns et les autres, relayés par les fiers tubes digestifs médiatiques que sont Libé et Le Monde, ont donc pu exprimer toute l’ampleur de leur stupéfaction devant les propos de Brice et Nicolas.
Au passage, « Brice & Nicolas », dit comme ça, ça fait très marque de vêtements pur laine vendus très chers pour matelots du dimanche, vous ne trouvez pas ? – Bref…
Et là, c’est l’avalanche de mots judicieux pour tenter le barrage à toute réflexion de fond : le cocker fou maire de Bègle déclare ainsi, dans un de ses petits jappements que l’éternelle barrière de la réalité derrière laquelle il aboie en vain aura rendu hargneux, que le président «livre en pâture au bon peuple de France des gens qui ont toujours été rejetés aux marges de la société, et joue sur les amalgames, fait croire que tous les Roms, tous les gens du voyage sont tous des étrangers».
La Ligue des Droits de l’Homme, manifestement pas trop occupée à régler les cas tragiques de détenus cubains, chinois, egyptiens ou syriens, a trouvé le temps d’utiliser le mot « stigmatisation », véritable mot déclencheur d’un réflexe pavlovien d’arrêt subit de la pensée, en expliquant doctement que l’abôôôminable président des neiges fascistes avait osé faire l’amalgame (autre mot clef) de tous les gens du voyages avec des vilains zétrangers dans un discours aux relents xénophobes et tout le toutim.
Bref : chaque association un tant soit peu responsable d’une de ces minorités de plus en plus visibles, chaque ligue de protection des malheureux bafoués en France par cette république fachisse, chaque politicien aux yeux toujours humides d’une lutte jamais finie contre l’opprrrresssssssion terrible que font subir les institutions, tous y sont allés de leur petit couplet.
Moyennant quoi, on est certain que toute action entreprise sera strictement limitée au minimum : mouvement de menton, gonflement de biceps, un peu de sueur sur le front, un froncement de sourcil vigoureux (une deux, une deux, hop hop hop) et puis … rien du tout.
Ouf.
On a vraiment frôlé l’action concrète !