Ceux qui prétendent avoir su déceler les courbures striées de la musique d’Emily Reo à la première écoute, sont soit des menteurs, soit des ramonés de la coupole. Parce que ces désossements analogiques se nichent dans l’espace temps comme un rayonnement fossile imparfait, il faut égrainer le présent et saisir les intervalles pour y voir plus clair. Une période inestimable pour une musique insaisissable.
Ici les souffles liliputiens en appelle au dérèglement psychique, des parcelles de rêves s’évaporent en fumé et la dream-pop stationnant encore dans l’air se voit capter par un magnétophone à bandes périmés, comme si Beach House encore vierge avait accouché d’un disque prématuré. Là, les martèlements névrotiques De These Are Powers se retrouvent anémiés par un chef d’orchestre fantôme qui manipule sa chorale d’outre-tombe pour faire vaciller les vivants.
Les survivants, les oreilles atrophiées par la noirceur de la composition, essaieront toujours de capter ces borborygmes inhumains, les autres auront pliés sous le poids de la nébuleuse sépulcrale, qui demeurera insaisissable…
[MP3] Emily Reo – Witch Mtn
[MP3] Emily Reo – Above Ground and a Golden Cloud
[MP3] Emily Reo – Witch Mtn Pt2 (w/Philip Seymour Hoffman)
Cassette disponible chez Breakfast of Champs Records
P.S. : Et si vous habitez Paris, venez les écouter à la Loge ce samedi 24 juillet, dans le cadre du festival Bitter Sweet Paradise 2 organisé par les Boutiques Sonores.