Voilà un CD dont l'écoute m'a été conseillée – le responsable se reconnaîtra - il y a quelques semaines maintenant. Sortie à la fin de l'année dernière « Beautiful hands » est l'œuvre d'un musicien alsacien, Thomas Kieffer, qui a préféré quitter son ancienne formation Métal pour explorer des terres musicales inconnues. La démarche est audacieuse et intéressante parce qu'elle vous pose immédiatement un personnage. Elle souligne d'emblée son refus de l'habitude, de sa soumission à un style. Ce n'est pas, d'après moi, la chose la plus courante dans les milieux artistiques. Tout cela met en lumière une attitude vis-à-vis de l'existence en général. Autant dire que ça commençait bien.
Dès les premières secondes, le charme opère. Et cela va crescendo jusqu'à ce que, soudainement, vous regardiez stupéfait l'écran de votre baladeur qui vous signifie la fin du rêve. L'ambiance minimaliste – voix et guitare – sait s'enrichir d'autres sonorités. La batterie est plutôt rare mais le violoncelle, un peu plus fidèle, emporte le candidat volontaire à un voyage intime. Attention, rien à voir avec le grand déballage de sentiments. Non, ici il y a de la pudeur. Beaucoup de pudeur. On y va doucement. Les somptueuses mélodies permettent cette approche à pas feutrés. Pas ces artifices musicaux qui vous restent immédiatement dans la tête après une seule écoute. Non, je parle bien de mélodies. Celles qui s'emparent de vous après plusieurs auditions.
Car il faut vraiment revenir à « Beautiful hands » comme on revient à son livre de chevet. Il y a toujours une petite surprise qui vous avait échappé la fois précédente. Ce CD offre ainsi quantité de chemins de traverses. Votre serviteur a d'autant plus fait confiance à son guide que celui-ci est un vrai artisan. Si une œuvre artistique n'est jamais individuelle, elle n'en a pas moins un noyau dur. Thomas Kieffer et Jérôme Marchiset fonctionnent, semble-t-il, main dans la main dans cette entreprise – voir interview ci-dessous -. Et ce duo artisanal a l'éclat retentissant. Et le résultat a de quoi rendre optimiste. Car ce CD a sa place parmi les plus grands.
Il émane beaucoup d'humanité de « Beautiful hands », beaucoup de grâce. Nulle pédanterie, nulle affirmation de soi, ici. « Juste » une invitation, une offre à venir passer un joli moment en belle compagnie. On se frotte les yeux en se souvenant soudain que Thomas Kieffer est un ancien Métal. S'il en a conservé une partie du look – ne vous fiez pas trop à la photo ci-dessous -, il a la simplicité des plus grands, la timidité de ceux qui cherchent, la bonté des patients qui savent ne pas brusquer les auditeurs pour essayer de les gagner coûte que coûte à leur cause.
C'est une très belle découverte de cette année 2010. Faites-le savoir.
Bon interview de Thomas Kieffer.