- Rentrez chez vous !
Voilà c’qu’il a dit, le bonhomme qu’en est pas un ! ... Ouais ! ... Comme le Sheriff Calder dans “La Poursuite Impitoyable” ! Mais sur un autre ton ! Pas comme Brando. Désabusé. Las ... Non, là, c’était une gueulante ! ... Ah bordel, ça y soufflait dans nos petites bronches de loquedus et copieux ! On les faisait, moins, les marioles !
- Rentrez chez vous !
Qu’il hurlait, toujours et encore. C’était pas un son, bon sang ! C’était un ouragan, un typhon au carré, au cube. J’ai même vu la mer, déchaînée, nous faire des misères. Le sol, il tremblait sa race ... Un con a dit que “ça y est, on était tous des haïtiens”. Les cons, c’est bien connu, ça ose tout ! Quand bien même serait-ce le chaos, la fin de tout ! Les limites, ils connaissent pas ! C’est fantastique, un con ! Dans 100 000 ans, on l’étudiera profondément ! Voyez, qu’ils diront, y’a eu le Cro-Magnon, le Neandertal et puis le con ! Celui qu’a inventé les avions et la bombe H !
- Rentrez chez vous !
Tu sais-tu c’que ça signifie ? Ça signifie : éteins les lumières, godillot ! Ferme ton clapet ! Fais silence ! Et si tu t’appelles Eric Woerth, démissionne, ou j'te tromblonne ! J’éructe ! Je ventile ! Du pâté que j’en fais, de ta République, de tes démocraties tordues, de ton cinéma en 3D ! Toutes ces fadaises ! Ces attrape-nigauds ! ... T’es foutu ! ... Niqué ! … Rentre chez toi ! Ça veut dire : à l’intérieur de tes sales boyaux. Bouffe ta merde et tais-toi. Il a dit.
Voilà.
Il nous a condamné au silence. Pour un an. Ferme. Tous. Petits et grands. Evadés fiscaux ou souffrant d’hernie discale. Tous ! Sans autre forme de procès. A la bougie ! Pendant une année ! Plus de télé, plus de radio, plus de nouvelles à la con, rien ! Vos mots, toujours les mêmes, je m’en crisse ! Vos trucs et manigances, c’est terminé ! ... Capisci ? ... Que nous avec nous-mêmes ! Pendant trois cents et soixante-cinq jours, à bouffer des topinambours ... Et que personne ne bouge ! Reclus que vous êtes ! ... Stop ! Basta ! On arrête tout, tout ce merdier ! ... Voilà c’qu’il a dit ! Pendant un an, vous allez réfléchir, comprenez-vous, réfléchir ! Et rien d’autres ! Plus d’autos, plus de trains, plus d’avions, nib’ ! ... Et, si j’en vois un seul s’amuser à faire circuler des capitaux, du CAC ou des fonds de pension, je l’étrille et velu !
- Rentrez chez vous !
Plus bouger. Fini. Pendant un an. Plus d’économie. De politique. De processus de paix. De merde ! Plus d’échanges, plus de marchandises ; du travail, pas plus, rien ! Ce qui veut dire pas de leader, de chef ou de président. Que nous avec nous-mêmes. Le silence ! … Ecoute ! … Ecoute-z-y donc ce silence, petit ! ... Toute cette maudite planète qui fait silence. Pendant un an. A la bougie. Aux topinambours ! … Tu l’entends, le vent ? ... L’entends-tu ? ... Et la vie, câlisse, tu l’aperçois ? ... T’y gouttes ? Un peu .. Chut ! .. Tais-toi .. Ou j’t’écœure !
Et j’ai adoré ça. Ce rêve. J’étais ravi de le faire, timbré que je suis. C’est ça, que j’vais commander à Noël prochain : un an de silence pour toute l’humanité. Un an tout entier à réfléchir. Sans bouger le moindre petit orteil de ta putain de mère ! Après ça, on saura quoi faire. Après ça, on saura dire non. Plus jamais on se fera rouler dans la farine. Des rois, des reines, voilà ce que nous serons. Beaux et fiers. Généreux et ouverts. Heureux d’y être. Et pour toujours.
Ah oui, bordel à cul, il est grand temps d’y rentrer, chez nous.