Les Padox à Fresnes - 5ème jour

Par Laporteplume
Vendredi 21 mai 2010 - Retour à la Maison d’arrêt des femmes pour la dernière séance, la restitution. Tout d’abord, une bonne surprise, Euridice, charmante camerounaise, qui n’avait pas pu suivre le travail, sans arrêt appelée au parloir, ou en consultation, nous rejoint. Alors, la dernière répétition avant la séance publique lui est consacrée. Elle comprend vite le scénario, joue avec intelligence, et là voilà embarquée. Les techniciens du théâtre d’Ivry sont venus le matin installer les lumières et l’éclairage, un rideau de fond rouge fait un peu oublier le couloir de détention au bout duquel nous jouons. Les détenues arrivent, nombreuses, au moins la moitié sont venues voir les Padox. La représentation se déroule pour le mieux, et à la fin, une rencontre avec le public s’improvise, c’est un moment important pour les 4 détenues qui ont participé à l’atelier, elles disent ce qu’a été le travail, les autres ont réellement apprécié, et le leur disent, les questions sont souvent fortes : par exemple je leur ai demandé d’ écrire « je suis » sur des feuilles blanches et ensuite les spectateurs devaient compléter. Une femme d’origine basque a bien analysé la chose, en disant qu’elles ne sont qu’un numéro d’écrou, qu’elles perdent dans ce lieu leur personnalité, et ce » je suis » l’a beaucoup touchée. Plusieurs regrettent de ne pas avoir participé à l’atelier, aimeraient devenir Padox, ici ou ailleurs. Beaucoup viennent nous embrasser avant de regagner les étages. Euridice sortira bientôt de prison, elle est là par erreur, c’est au moins ce qu’elle nous dit, une usurpation d’identité, elle passait ses journées à pleurer, ne comprenant pas ce qui lui arrive, l’atelier lui a fait du bien, elle retournera très vite chez elle, mais elle viendra nous revoir au Théâtre d’Ivry le 12 juin, où nous jouons avec les détenus hommes « Padox Migrateur ». Jeanne avait préparé une tarte, que nous mangeons après les rangements avec nos Padox de Fresnes, émus de se quitter, elles gardent les livres blancs avec lesquels elles jouaient, et demandent les signatures et un mot de toute l’équipe. C’est troublant de se séparer comme cela. Euridice nous quitte en disant : « Je retourne dans ma chambre ». Claudine la reprend, « Non, ta cellule, mais au début je disais comme toi ». À bientôt, Euridice, continue à dire « ma chambre », cette épreuve se termine, pour Yuna aussi, et la charmante Julia, la jeune grand mère de 34 ans, résignée, travailleuse, qui a beaucoup aidé à installer les accessoires, attend son transfert au Brésil. Ce soir, en écrivant ces lignes, je pense à elles dans leur « chambre ».Dominique Houdart
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