De combien de larmes est trempé le sourire du ghetto, de combien de peurs est pavé le sentier du rire qui de l'Europe des pogrom a rejoint et a conquis les scènes de New York, les studios d'Hollywood. Et c'est pourtant dans ce douloureux espoir traîné à travers l'Atlantique dans les soutes fétides des vapeurs, dans les termitières humaines du Lower East Side de Manhattan, que repose le secret pour comprendre ce qui a poussé trois générations d'immigrés juifs à devenir comiques, à souffrir pour faire rire et donc se faire accepter et aimer. Peut-être seulement pour chercher ce que Henry Bergson appelait, dans son propre sage sur le rire, «l'anesthésie passagère du cœur».