Laure Robin, lauréate de la Bourse Tocqueville 2010, donnera tout au long de son séjour ses impressions sur Washington sur le Cri.fr.
Le gouvernement Obama est gourmand en taxes, rien d’étonnant pour les associations de contribuables américaines qui dénoncent la gestion dispendieuse des démocrates. Sous l’ère Obama, l’Amérique aura mis en place la plus forte hausse d’impôts de l’histoire des États-Unis, au détriment des couches défavorisée et des principes inscrits dans la Constitution, par les pères fondateurs. Déterminées, les associations de contribuables qui luttent contre les dépenses de l’Etat et les hausses d’impôt ont lancé l’offensive.
Pourtant, la mode du chèque en blanc signé par les politiques au pouvoir n’est pas nouvelle. Depuis les présidents Bush et Obama l’Etat fédéral dépense 25 % du PIB, quand cette dépense n’atteignait que 3 % sous l’ère Reagan. Non seulement le pays devient moins attractif et moins « vibrant », comme l’analyse Dan Mitchell, le responsable des taxes du CATO institut, le think tank spécialisé dans les libertés individuelles, mais les Etats-Unis ressemblent de plus en plus au modèle de l’Etat providence prôné par les gouvernements européens. Une idée, qui, à elle seule, donne les pires cauchemars au contribuable américain.
L’envolée des taxes en 2011
Plus inquiétant, le nouveau régime de taxes mis en place par le président américain qui sera effectif en janvier 2011. De fait, la death tax (taxe sur les successions après un décès) qui n’existait plus cette année est restaurée en 2011, à un taux de 55% pour les successions supérieures à 1 million de dollars (800 000€). Ironique, Dan Mitchell du CATO s’attend à voir une recrudescence des suicides chez le contribuable aisé, d’ici décembre 2010 pour éviter d’engraisser les comptes de l’Etat. « Toucher au capital de l’individu freine la croissance économique, même Marx l’avait admis », s’insurge l’économiste. « Bientôt, notre gouvernement dépensera 50 % du PIB », ajoute-t-il, amer.
Véritable cadeau empoisonné aux yeux des associations de contribuables, l’Obamacare (la réforme de la santé) instaure une multitude de nouvelles taxes et d’impôts. L’Américain a ainsi vu ses premiers effets sur les… cabines de bronzage avec la Tanning tax, entrée en application le 1er juillet 2010. D’autres taxes spécifiques à la santé apparaissent, comme la Medicine Cabinet Tax ou la Brand Name Drug Tax. Et d’autres sont fortement augmentées, comme la HSA Withdrawal Tax. De même, les entreprises devront par exemple informer l’administration du coût de la protection sociale pour leurs employés, un préalable probable à une taxation de cet avantage pour les salariés.
Le « Pig Book », le livre des cochons
C’est ainsi que chaque année, David Williams, vice-président du think-tank Citizens Against Government Waste (CAGW) (Citoyens contre les gâchis de l’Etat) publie chaque année le « Pig Book », le Livre des cochons. Une jolie petite brochure rose porcine, estampillée par l’association de contribuables. Le livre qui recense par secteurs les dépenses de l’Etat (Défense, Agriculture, Services financiers), fête cette année son vingtième tirage. De quoi offrir une bonne visibilité dans les médias américains au petit cochon de CAGW. Surtout quand ceux-ci n’hésitent pas à se déguiser, et même à faire venir de vrais cochons dans leur conférence de presse annuelle. Sur le modèle de l’Argus du Cri du Contribuable, leur classification des dépenses par secteur égratigne sénateurs et députés, à l’origine de projets coûteux et souvent inefficaces. « 52.267.000 dollars pour 29 projets dans le secteur de l’Eau et de l’Energie, commandité par le sénateur commissionné Harry Reid ». Encore plus piquant, le classement 2010 des « porcs », selon chaque Etat, avec en tête de liste Hawaï et ses 326,099,850 dollars dépensés cette année.
Autre association à mener une guerre sans merci face à l’administration Obama, la National Tax Payer Union (NTU) qui à cause du climat d’attente provoqué par les réformes sociales d’Obama, a vu le montant de ses donations tomber en chute libre. « Notre base de membre s’est maintenue, mais c’est le montant des fonds qui a sacrément chuté », confie Pete Sepp, le président de NTU. Basée dans un tranquille quartier résidentiel, l’association a été contrainte de réduire d’un tiers le nombre des ses employés en 2010. La faute aux paris pris par le gouvernement américain, sur le dos du contribuable américain. Malgré des temps peu cléments, l’association se vante d’avoir participé au projet « transparency », adopté trois ans plus tôt par le Congrès, et qui rend les budgets et dépenses des gouvernements fédéraux plus transparents sur internet. Solidaires, ils participeront d’ailleurs, en septembre prochain à Londres, au grand congrès des associations de contribuables sur le thème de « la transparence dans les budgets européens ». Les Américains militeront même pour la mise en place d’un référendum sur la question. De quoi faire frémir l’opacité budgétaire bruxelloise. Mais c’est au cœur de l’Amérique profonde que le bouclier NTU a choisi de livrer bataille et sollicite la participation des citoyens dans les cinquante États. Avant les élections de mi-mandat en novembre au Congrès, du côté du contribuable, la résistance s’organise.
Laure Robin