Au risque de me répéter, le Publicis est l’un des trésors les mieux gardés de Paris. Un cinéma unique dans la capitale tant par sa programmation que par ses caractéristiques intrinsèques de salle. C’est le cinéma des sorties techniques, ces films distribués dans une poignée de salles en France, comédies américaines, films de genre, animation japonaise… En général ce sont des films dont le public ciblé est plutôt constitué de cinégeeks ayant la vingtaine ou la trentaine, des mecs (et quelques filles) fans de Will Ferrell, de science-fiction et de tout ce qui vient du continent asiatique.
C’est ça, le Publicis, dans des conditions optimales. Sièges confortables, deux vastes salles à écrans larges, et (ce qui est la bénédiction du Publicis tout autant que sa malédiction) il y a toujours de la place ! Qu’il vente, qu’il neige, ou qu’un soleil de plomb pèse sur la capitale, le Publicis n’affiche jamais complet. Je ne l’ai en tout cas jamais vu complet pour ma part, même il y a quelques années lorsque j’y avais vu en avant-première, de longs mois avant leurs sorties respectives, A bittersweet life de Kim Ji-Woon et The jacket de John Maybury. Tant et si bien que je crains souvent qu’un jour ou l’autre ce cinéma cher à mes habitudes cinéphiles ne se trouve obligé de fermer boutique, d’où ma grande satisfaction chaque fois que je vois que le public se déplace plus nombreux que d’habitude pour venir y voir un film.
Pour ma part, je sais déjà que je vais passer une partie de l’été à naviguer entre les deux salles du cinéma des Champs-Élysées. Je m’y suis déjà rendu à trois reprises depuis le début de l’été. La première fois, c’était pour la sympathique comédie Trop belle !, la comédie type à passer en exclusivité au Publicis. Puis j’y ai vu l’aventure épique Centurion retraçant le funeste destin d’une légion romaine mystérieusement disparue dans ce qui deviendrait quelques siècles plus tard la Grande-Bretagne. Pas l’épopée de l’année, mais un film appréciable dans le genre.
Enfin ce week-end, après de nombreux films successifs dans la salle 2 (la plus petite des deux, où j’ai vu les deux films précédemment cités, plus notamment My Name is Khan et The Crazies), j’ai enfin remis les pieds dans la magnifique salle 1 pour une nouvelle sortie technique, Repo Men. Un film de science-fiction cette fois, prenant pour cadre une société futuriste dans laquelle une entreprise (The Union) a la mainmise sur un marché juteux : la greffe d’organes artificiels. Les protagonistes, les « repo men », sont une brigade attachée à l’entreprise chargée de récupérer les organes greffés lorsque les clients ne sont plus en mesure de payer leurs traites. Et par « récupérer les organes », il faut comprendre, « ils débarquent au milieu de la nuit chez vous, vous ouvrent le bide et vous laissent crever sur place ». Ce genre de petite attention tendre.
Le film est incroyablement violent et sanglant, tombant même un peu trop facilement dans la violence gratuite. Les personnages, campés par Jude Law, Forest Whitaker et Liev Schreiber, manquent d’épaisseur. En revanche, le film bénéficie d’un twist final déconcertant et excitant qui rehausse nettement la qualité globale de l’œuvre.
Voilà pour mon début d’été. Mais ça ne fait que commencer. Car dans les semaines à venir, le Publicis risque de rester un de mes lieux de cinéphilie de prédilection, avec dans un premier temps, en août, le Festival CineMADness offrant notamment un indépendant américain inédit qui me fait très envie (Wristcutters), avant que le cinéma n’enchaîne Tell Tale de Michael Cuesta, Gentlemen Broncos de Jared Haress (réalisateur des cultes Napoleon Dynamite et Super Nacho), et enfin juste avant la rentrée American Trip (Get him to the Greek), le spin off de l’excellent Sans Sarah rien ne va ! Gardez-moi une place au cinquième rang pour tous ces films, j’arrive !
Crédit photo (une de l'article): Flickr, Panoramas