On peut faire différentes hypothèses sur le fiasco de la politique sécuritaire proclamée de N. Sarkozy.
On peut, à priori, soupçonner une incompétence monumentale d’un homme, Ministre de l’Interieur depuis 2002, inspirateur ou ordonnateur de près d’une vingtaine de lois sur la sécurité, la bouche pleine d’anathèmes contre les voyous, les “racailles”, les délinquants, Karcher en mai.
A l’appui de cette thèse, on peut faire figurer la suppression de la police de proximité, la “politique du résultat” qui fait que les effectifs policiers sont à l’affût des incivilités et délinquances légères, engorgent les gardes à vue, contrôlent au faciès, se font haïr d’une majorité de jeunes, au détriment d’enquêtes plus longues et difficiles, moins satisfaisantes pour les statistiques, mais traquant la grande délinquance, les organisations de dealers plutôt que les consommateurs, les criminalité organisée plutôt que les incivils.
Il semble que des soucis d’économies (7 000 postes ont été supprimés dans la police et la gendarmerie) sont masqués par les discours virulents et continus, la réception très médiatisée des “victimes” et une vidéo-surveillance (dont les résultats, analysés en Angleterre, sont loin d’être probants), parée de toutes les vertus et, vraisemblablement crachant au bassinet des financements des partis politiques, et plus particulièrement de l’Ump.
Quand la richesse produite par un pays se concentre de plus en plus chez les plus riches, et que tous les autres s’appauvrissent et que le chômage croît, il n’est pas besoin d’être devin pour prédire que l’insécurité va augmenter. Quand les attitudes et le train de vie d’un Président s’exhibent sur le mode d’un parvenu cynique, quand les ministres d’un gouvernement gaspillent, voire truandent aux frais du contribuable, il est compréhensible que ceux d’en bas se disent: “Et pourquoi pas moi ?”. Enfin, quand une Présidence passe son temps à dresser les catégories de français les unes contre les autres, faut-il s’étonner que cela entraîne de la violence ?
Mais cette thèse d’une incompétence crasse ne suffit pas. J. Chirac en 2001 et N. Sarkozy en 2007 ont gagné en grande partie sur le thème de l’insécurité. A. Badiou (“De quoi Sarkozy est-il le nom?”, Ed. Lignes, 2007) explique que Sarkozy s’est fait élire par la peur, peur qu’il a largement contribuéà fabriquer: peur des étrangers, des jeunes, des voyous, ce qui lui a permis d’être élu, candidat des vieux et des péteux, grâce aux 70% des plus de 65 ans qui ont voté pour lui…
Les délinquances, les violences constituent son fond de commerce électoral et le spectacle (car c’est du pur Spectacle au sens où le définissait G. Debord) actuel n’est pas prêt de cesser, pas plus que la réalité des violences, malgré le truquage éhonté des statistiques policières.
- “Dans l’Ain, au pays de Brillat-Savarin et du bon vin”. Le Monde.
- Bouclier fiscal. Le Monde. “… le groupe L’Oréal aurait versé 280 millions d’euros de dividendes en 2009 à Liliane Bettencourt dont l’impôt sur le revenu devrait être inférieur à 25 millions. Ainsi “la femme la plus riche de France est imposée au même taux qu’un cadre moyen, soit environ 9 %”, calcule le Canard”.
- “Que le mot «rigueur» soit employé ou pas, peu importe. La seule chose qui compte, c’est la politique mise en œuvre. Et là, il n’y a pas de doute possible. La partition écrite par Sarkozy, mise en musique par François Fillon, a bien les intonations de l’injustice et de l’austérité à sens unique. Car enfin, qui peut sérieusement parler de rigueur pour les riches dès lors que le bouclier fiscal est à peine écorné, que les privilèges sont toujours en place, et que la bande du Fouquet’s fait régner sa loi ? Qui peut nier que la réforme des retraites frappera d’abord les plus pauvres des salariés, alors que le capital ne sera mis à contribution qu’à la marge ?”. Marianne.
- “Sarkozy, plus c’est gros, plus ça passe (suite…)”. Déchiffrages.