On ne peut pas, non on ne peut pas raconter ces choses là. Il faudrait que les mots puissent raconter le regard d'un enfant vers la marionnette et le plaisir
ressenti. Il faudrait que nos mots disent le regard attendri d'un parent regardant l'enfant puis, se reprenant riant de lui même, revenant au spectacle et
riant à nouveau de la parole des objets. Il faudrait que les phrases décrivent ce temps partagé et les différents niveaux de compréhension, de se
Vous le comprenez, la question qui me taraude est là ; comment raconter avec des mots, comment raconter ce que nous vivons pendant notre tournée, les rencontres que nous vivons, les échanges, ce que nous faisons. Il y a quelques années, nous nous sommes saisis de l'outil "blog" et nous en éprouvons chaque jour les limites ; de la langue, du temps qui nous manque, des vides entre les pleins. Et puis aussi, parfois nous nous disons, que cette chose que nous vivons, que ces temps que nous partageons avec le public, ce n'est pas à nous de les raconter. Nous devrions simplement vous transférer les points de vue de correspondants de presse qui viendrait relater l'évènement, en tirer l'analyse, échanger avec le public et nous même et.... Mais nous ne le pouvons pas. Les rédactions locales ne se déplacent plus que rarement, elles confondent information et communication et pour ce qui concerne les rédactions nationales, elles sont elles trop occupées à couvrir l'unique festival de spectacle vivant...
L'art n'intéresseerait plus les rédactions ? Faut-il qu'il soit télégénique ?
Mais faire sens, donner à comprendre un geste artistique, sortir l'art du temple scénique, participer à construire un mieux vivre ensemble semble ne plus
intéresser les redactions. Nous vivons une époque formidable pendant laquelle nous pouvons être informés en temps (presque) réel d'une information tellement réactive et multiple que les
rédactions des médias (dits traditionnels ) ont eu besoin de recentrer leur point de vue et leurs contenus sur des évènements médiatiques qu'elles couvrent à l'envie, à en vomir.... et pour ce
qui concerne le local (même si, comme pour nous, il ne trouve cohérence qu'en considérant le territoire régional), elles ne le regardent que sporadiquement et sans en tirer
"l'essence"...
Une dernière chose, toute petite chose, si nous avons du mal à relater ce que nous vivons, si ce que nous partageons ne se raconte pas, il se vit. Sous de grands hêtres ou saules pleureurs, sous des cieux jusqu'à présent cléments, les moments passés avec le public sont chaleureux et humains.
Vous n'avez pas tout raté, il vous reste encore quelques semaines pour venir partager avec nous propositions artistiques et espaces de verdure... Il ne reste que 3 semaines avant que nous rangions notre saison d'été... Alors ... vite la cette semaine c'est à Oblinghem et Hinges que ça se passe...
Fabrice Levy-Hadida pour La Cie Les Mille et une Vies Théâtre de Marionnettes Itinérant
Photographies Les Mille et une Vies à Maisnil (8juil.) et Diéval (16 juil.)...