Mamette était toujours tirée à quatre épingles.
Ah ! En parlant d’épingles ! aie ! ouille !! Elle me traînait des après midi entières chez son amie la couturière qui m’examinait sous toutes les coutures. On fait une pince par ci, on fronce par là, on coupe, on rallonge, et bien souvent elle me piquait au vif. Je passais des heures interminables où en fait de couture, je me barbais, je me rasais. J’aurais préféré le coiffeur, ces adjectifs auraient été mieux appropriés !
Ma grand-mère bavardait avec sa copine et ne voyait pas le temps passer.
En fin de journée, nous rentrions à la maison, longeant la promenade des anglais à Nice. Le paysage se substituait à la discussion. Sans mot dire, je maudissais ces séances mais jamais ne médisais. Nous descendions les quelques marches menant à la plage « Beau rivage » puis, reposées et sereines, nous traversions le grand parc, admirions les fleurs et terminions par la rue Masséna où les pissaladières nous mettaient en appétit.
Avec Mamette, nous n’avions pas besoin de parler. Je la suivais sagement, discrètement. Je m’adaptais à chaque instant partagé.