Magazine Culture
Au sommet de sa période de grâce, Pixar a imposé- en quatre étés consécutifs- sa marque d’excellence dans le cinéma, sa patte réjouissante- entre rêves et naïveté d’enfants et confrontation avec la vraie vie sournoise du dehors. Comme dans Ratatouille, Wall.E et Là-Haut, les personnages-jouets de ce troisième (et meilleur) volet de la trilogie Toy Story, sont aveuglés par les tendres lumières de l’innocence, délicates mais cruelles, tant le monde regorge de difficultés et d’obstacles, à commencer par le passage du temps, inéluctable, traître, mutilateur d’illusions. Combattant les ennemis invisibles d’une vie d’adulte (le spectre de l’université, la peur de l’abandon, le désir fou d’être aimé pour toujours), Buzz, Woody et ses amis s’humanisent tout du long, jusqu’au climax final, sublime séquence de solidarité où la terreur de la mort réunit les destins. Avec un travail d’images absolument parfait (couleurs, teintes, univers, clarté et précision) et une intrigue tout aussi drôle que profonde, Pixar signe une œuvre enchanteresse et bouleversante, capable à lui seul de tout faire remonter de l’enfance (confiance, légèreté, amusement, frayeurs, sens de l’amitié et vagues de douceur) pour toucher en plein cœur.