Aujourd’hui, en tant que Juifs, nous fêtons Tisha BéAv (תשעה באב), le 9 Av, jour commémorant la destruction des deux Temples de Jérusalem et de bien d'autres souffrances infligées au peuple juif.
Tisha BéAv vient conclure une période de deuil appelé "Étroit défilé" ou "Les trois semaines", commencé trois semaines plus tôt, avec le 17 du mois de Tamouz.
Tisha BéAv est le jour le plus triste du calendrier juif.
C’est un jour de jeûne et de deuil qui dure 25 heures.
Il débute la veille au soir, au coucher du soleil, dure toute la nuit et toute la journée, et prend fin lorsque revient la nuit.
C'est un jeûne complet, sans boisson ni nourriture. On y observe également d'autres restrictions prescrites aux endeuillés.
Le nom Tisha BéAv signifie littéralement "le 9e jour du mois de Av", date à laquelle de terribles tragédies se sont abattues sur le peuple d’Israël.
La principale catastrophe qui a touché Israël fut la destruction des deux Temples à Jérusalem.
Mais divers autres malheurs ont touché le peuple juif à cette date.
C’est ce jour qu’Hashem a décrété, à cause de la faute des explorateurs, décrite dans les chapitres 13 et 14 du livre des Nombres (Bamidbar), que les enfants d’Israël ne seraient autorisés à entrer en Eretz Israël qu’au bout d’une génération.
La chute de Beitar, dernière forteresse juive à tenir tête aux Romains au cours de la révolte de Bar Kokhva, eu lieu le 9 Av de l’année 135 de notre ère.
Un an plus tard, le secteur du Temple a été rasé.
Ainsi fut effacée toute présence juive sur la terre d’Israël jusqu’à l’époque moderne.
Les Juifs d’Espagne ont été expulsé d’Espagne en 1492 par le roi Ferdinand et la reine Isabelle. Les Juifs avaient jusqu’au 31 juillet (7 Av) pour vendre leurs biens.
La Première Guerre Mondiale, contenant déjà les prémices de la Seconde Guerre Mondiale et de la Shoah a débuté en Ménakhem Av. Le 1er août 1914 (9 BéAv), l’Allemagne mobilisa et déclara la guerre à la Russie.
Les Nazis ont fait partir le premier train pour Auschwitz un 9 du mois de Av.
La déportation massive des Juifs du ghetto de Varsovie vers le camp d’extermination de Treblinka a commencé la veille de Tisha BéAv de l’année 1942.
Malgré le caractère de la journée, la partie la plus triste des prières quotidiennes, les Tahanoun, n’est pas récitée à Tisha BéAv, en attente de la Rédemption qui fera de Tisha BéAv un jour de joie.
La veille de Tisha BéAv, vers la fin de la journée, on consomme le dernier repas, le "séoudah hamafseket".
Dans ce repas, on ne consomme pas deux sortes d'aliments cuits, même s'ils sont de la même variété, par exemple, deux sortes de pâtes. Même si l'aliment cuit est habituellement consommé cru, il a le statut d'aliment cuit dans ce cas.
Il est de coutume de manger un oeuf bouilli ou des lentilles lors du dernier repas en signe de deuil.
Il ne convient pas de manger un quelconque autre aliment cuit.
On mangera du pain, des produits laitiers ou des fruits.
Certains ont la coutume de manger un morceau de pain trempé dans de la cendre.
La coutume est de prendre ce dernier repas assis par terre ou sur un tabouret bas.
Après le dernier repas, si le soleil ne s'est pas couché, on peut continuer à manger, à condition de ne pas avoir déclaré ou eu l'intention de commencer le jeûne.
En Eretz Israël, le jour de Tisha BéAv, des dizaines de milliers de personnes passent la journée ou une partie de celle-ci au Kotel, le Mur des Lamentations, qui avec le Mont du Temple, est le seul vestige du Second Temple.
Les Juifs passent la journée de Tisha BéAv à pleurer la destruction du Temple, l’Exil de la Shékhina, la Présence divine, et la situation du peuple d’Israël.
La Torah étant source de réjouissance, il est interdit de l'étudier en ce jour. On récite et on étudie des textes tristes comme le Rouleau des Lamentations de Jérémie (Meguilat Eikha).
On lit aussi des qinoth, des poèmes élégiaques évoquant le deuil et la souffrance, composés à travers les siècles par différents poètes liturgiques et rabbins.
La loi israélienne interdit l’ouverture des restaurants, discothèques et théâtres à Tisha BéAv. Toutefois de nombreux événements sont organisés tant par les religieux que par les laïcs pour évoquer la signification contemporaine et traditionnelle de la journée.
Hag same’ah Tisha BéAv à toures et à tous.