"Contrairement à ce qu'on affirme trop souvent, les contes de fées ne "traumatisent" pas les jeunes lecteurs. Ils répondent de façon précise et irréfutable aux angoisses de l'enfant et de l'adolescent et exercent sur eux une fonction thérapeutique en informant des épreuves à venir et des efforts à accomplir".
La théorie avancée par Bruno Bettelheim est argumentée par de nombreux exemples et analyses tout au long du livre : "Les trois petits cochons" mettent en scène l'opposition entre le principe de plaisir et le principe de réalité, Blanche-Neige et les sept nains se rattache aux conflits oedipiens, La Gardienne d'oies, rapporté à l'interdit de l'inceste, indique la voie vers l'autonomie, etc sont autant de grands thèmes analytiques.
Selon ce psychiatre d'enfant, déporté de Dachau et auteur de nombreux ouvrages sur l'autisme et les troubles de la personnalité chez l'enfant, le conte est un rite de passage entre l'univers de l'enfance et le monde des parents. Il aide les enfants à donner du sens à leur vie : il formule à sa façon ce qui, du monde des adultes, leur échappe et les intrigue. La simplicité des situations et des personnages (bon/méchant, enfant/parent, héros/ennemi...) offre à l'imaginaire infantile des repères faciles pour reproduire, à quelques simplifications près, des pensées ou des sentiments qui ont été réprimés dans la vie réelle.
Extrait
"Tout conte de fées est un miroir magique qui reflète certains aspects de notre univers intérieur et des démarches qu'exige notre passage de l'immaturité à la maturité. Pour ceux qui se plongent dans ce que le conte de fées a à communiquer, il devient un lac paisible qui semble d'abord refléter notre image ; mais derrière cette image, nous découvrons bientôt le tumulte intérieur de notre esprit, sa profondeur et la manière de nous mettre en paix avec lui et le monde extérieur, ce qui nous récompense de nos efforts."
Le livre fait même le sujet d'un article sur Wikipédia
Julie Têtue